Les personnes handicapées plus souvent victimes de violences

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Plus de 7 % des personnes en situation de handicap ont subi des violences dans les deux dernières années. C’est deux points de plus que parmi les personnes ne déclarant pas de handicap. Et cette proportion monte à 9 %, contre 6 %, chez les femmes handicapées.

C’était une intuition étayée par diverses données. C’est désormais une réalité documenté et chiffrée. Les personnes handicapées sont plus souvent victimes de violences selon une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), rattachée au ministère des Solidarités, rendue publique ce mercredi 22 juillet.

7,3 % des personnes en situation de handicap âgées de 18 à 64 ans assurent avoir subi des violences physiques et/ou sexuelles contre 5,1 % des personnes ne déclarant pas de handicap, au cours des deux années précédant l’enquête. L’écart brut (2,2 points) est conséquent.

Le handicap augmente la probabilité d’être victime

Et encore faut-il l’interpréter en prenant en compte les différences socio-démographiques existantes (âge, situation familiale…) entre ces deux groupes. Exemple : la part des personnes âgées de plus de 50 ans est plus importante parmi la population des personnes handicapées. Or, les gens de cette tranche d’âge sont moins à risque d’être agressés, comme le montrent d’autres enquêtes.

La Drees a donc isolé l’effet propre de chaque caractéristique sur la probabilité d’être victime. Toutes choses égales par ailleurs, le handicap fait partie de celles qui influent le plus. Être handicapé accroît ainsi de trois points la probabilité d’avoir subi des violences physiques et/ou sexuelles.

Les femmes handicapées deux fois plus exposées aux violences sexuelles

De plus, les femmes en situation de handicap sont particulièrement exposées. Au cours des deux années précédant l’enquête, 9 % ont été victimes de violences physiques et/ou sexuelles, contre 5,8 % des femmes sans handicap (+ 3,2 points). En particulier, elles sont deux fois plus nombreuses à avoir subi des violences sexuelles (4 % contre 1,7 %). Et à caractéristiques socio-démographiques et d’habitat comparables, ces écarts s’accroissent (voir graphique ci-dessous).

 

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Des violences avec des conséquences plus lourdes

Par ailleurs, les personnes handicapées ayant subi des violences physiques et/ou sexuelles sont en proportion plus nombreuses à avoir présenté une ou plusieurs fractures ou blessures physiques visibles. Plus nombreuses également à avoir été examinées par un médecin ou hospitalisées.

Les victimes handicapées affirment d’ailleurs plus souvent que les autres avoir eu des dommages psychologiques ou avoir été perturbées dans leur vie quotidienne à la suite de leur agression.

Seules 25 % des victimes saisissent les forces de l’ordre

Quel que soit leur sexe, les victimes handicapées sont deux fois plus nombreuses à avoir été agressées dans leur propre logement (17 % contre 8 % pour les personnes non handicapées). Et elles déclarent plus souvent connaître leur agresseur, de vue ou personnellement.

Mais seule une victime handicapée sur quatre (25 %) s’est rendue au commissariat ou à la gendarmerie. C’est légèrement plus que parmi les personnes ne déclarant pas de handicap (20 %). Et c’est encore trop peu.

Violences sexuelles : qui et où ?

L’étude de la Drees apporte des éléments inédits sur les violences sexuelles à l’encontre de personnes handicapées enregistrées par les forces de l’ordre.

45 % se sont produites en établissement (IME, Ésat, foyer de vie, hôpital ou bien encore famille d’accueil) ; 33 % à domicile ; et 22 % dans d’autres lieux (dans la rue, lieu public…).

37 % des agresseurs désignés sont d’autres résidents ou patients et 13 % des salariés de l’établissement. 22 % font partie du cercle proche (parent, conjoint, ami). Les 28 % restants se répartissent entre connaissances et autres.

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