Villeurbanne : squat d'un site pour personnes handicapées

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Le 18 novembre 2020, le Collectif solidarités Cusset réquisitionne à Villeurbanne un bâtiment vacant pour y accueillir des familles démunies. Mais ce projet était dédié à des personnes handicapées. Une hiérarchie des solidarités ?

 

Dernière minute du 16 mars 2021
Le juge des référés du Tribunal judiciaire de Lyon a rendu son verdict le 12 mars 2021. Il a jugé, au vu de l'intrusion illicite, que le comportement du Collectif solidarité Cusset, dépourvu de personnalité morale, entravait les projets d'utilité publique de la fondation. Aucun délai n'est accordé aux occupants et l'évacuation peut être immédiate. Cette décision doit désormais être exécutée par un huissier de justice.

Article initial du 18 novembre 2020
A Villeurbanne, dans la banlieue lyonnaise, le bâtiment est vacant depuis 2017. Alors, le 18 novembre 2020, un collectif de quartier réunissant des habitants de Cusset décide de le réquisitionner afin de « proposer une solidarité concrète et populaire aux plus précaires » (étudiants, chômeurs, sans-papiers, familles nombreuses, retraités…), victimes d'une situation sanitaire et sociale actuelle particulièrement critique. Si la démarche peut sembler louable, il y a un hic…

Un foyer de vie pour personnes handicapées

Ce lieu, qui appartient à la Fondation Richard, est un ancien atelier de cuir où travaillaient des personnes handicapées, activité qui a été délocalisée en 2015 dans des locaux neufs. Il devait être vendu pour financer un projet de foyer de vie pour des personnes avec un handicap moteur ou souffrant d'une maladie évolutive en attente d'un habitat spécialisé. Les membres du collectif Cusset ont agi « sans aucune concertation et ont tout simplement pris possession, par la force, du bâtiment sécurisé en fracturant l'entrée pour s'installer », déplore cette fondation reconnue d'utilité publique qui accompagne 300 personnes dans la métropole lyonnaise. « Les résidents, le personnel, les bénévoles sont choqués,explique Pierre Mouterde, son président. Comment imaginer et accepter que, pour aider des personnes vulnérables, un collectif s'empare d'un bien destiné à des personnes en situation de handicap et mette en danger un projet qui leur est destiné. » Il dénonce une « injustice dans l'injustice » et invite à « mettre nos énergies en commun pour chercher et trouver une solution permettant de régler cette situation »jugée « dramatique ».

Une hiérarchie des solidarités ?

Le Collectif Cusset justifie cette réquisition par le fait qu'aucune réponse n'a été apportée par la mairie de Villeurbanne pour permettre le logement des familles en grande précarité et l'aménagement d'espaces dédiés aux activités de quartier (soutien scolaire, cantine solidaire, point numérique…). Elle compte sur son appui au motif que son conseil municipal a adopté, le 12 octobre 2020, la Déclaration des droits des personnes sans-abri qui stipule que : « Tout abri, qu'il soit de fortune ou mis à disposition, doit être reconnu et respecté en tant que tel ». Le Collectif souhaite ainsi créer un « espace ouvert, où les solidarités se nouent au fil des initiatives collectives, et où les discriminations et l'autoritarisme n'auront pas leur place ». Il entend remettre le bâtiment en l'état « le plus vite possible », en faisant appel aux dons, notamment de meubles et matériels… 

« En cette période tourmentée », Jacques Salley, directeur de la Fondation Richard, s'interroge quant à lui sur la « notion de hiérarchie des solidarités ». S'il dit « comprendre les intentions du collectif », comment peuvent-elles être faites au détriment d'un autre public en attente, lui aussi, d'actions solidaires. Pour lui, ce projet est maintenant « en péril ». Ironie du sort, ce bâtiment est situé rue de l'Egalité !

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