Communautés 360 : quel bilan pour le numéro d'appui handicap

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Six mois après le lancement des "communautés 360", l'heure est au bilan... et aux annonces. Ce numéro vert d'appui destiné à accompagner personnes handicapées et aidants durant la crise est pérennisé. Objectif : 89 départements pourvus.

 

« Sept jours sur sept, fériés inclus, personnes en situation de handicap et proches aidants peuvent composer le 0 800 360 360 », telle est la promesse de ce numéro vert créé pour soutenir les personnes sans solution adaptée ou isolées. Initialement prévu pour 2021, comme annoncé par Emmanuel Macron lors de la Conférence nationale du handicap (CNH) du 11 février 2020 (article en lien ci-dessous), cette plateforme téléphonique a finalement vu le jour dans l'urgence, en juin 2020, afin d'accompagner les usagers en période de crise. Ce point d'entrée unique entend permettre d'y voir plus clair face aux nombreuses initiatives déployées en pleine pandémie. Six mois après son lancement, le secrétariat d'Etat au Handicap dresse le bilan de cette démarche territoriale et annonce sa pérennisation lors du premier comité stratégique des « communautés 360 », le 4 décembre 2020. Objectif ? « Prolonger la réponse accompagnée pour tous. » Alors que 75 départements en sont actuellement pourvus, 14 autres devaient être « raccordés » avant fin 2020, selon le communiqué du secrétariat d'Etat au Handicap. Des groupes de travail continuent de plancher pour étoffer ces services ; la publication d'un cahier des charges commun est prévue le 11 février 2021.

Motif des appels ?

Les appels sont pris en charge par une équipe de proximité, les « communautés 360 », composées des acteurs locaux impliqués dans l'accompagnement des personnes handicapées (associations gestionnaires d'établissements et services pour personnes handicapées mais aussi associations de personnes, hôpitaux, médecins de ville, réseaux de solidarité…), réunis autour de la Maison départementale des personnes handicapées. L'enjeu ? Trouver des solutions d'accompagnement, qu'elles soient définitives ou temporaires. Au plan national, entre juin et novembre, près de 14 000 appels ont été reçus, soit environ 80 par jour, avec une durée moyenne de 6 minutes. Profil des appelants ? 53 % des appelants sont des personnes handicapées et 39 % des proches-aidants. 78 % des demandes concernent des adultes. 37 % se déclarent sans solution adaptée. Le top 3 des appels porte sur la Covid-19, puis les informations administratives et le besoin d'accueil en établissement. 88 % des réponses apportées sont dites de « niveau 1 », c'est-à-dire un service d'évaluation, de recherche, de conseil, de liaison et d'écoute tandis que seulement 2 % ont nécessité la création de solutions nouvelles avec l'aide des partenaires.

Solution d'accueil ou de répit : 1 appel sur 5 (Nord)

Un exemple concret ? Le département du Nord, qui fait figure de pionnier, s'est doté d'une équipe locale depuis le 8 juin 2020, coordonnée par l'association Les papillons blancs de Lille. Investis d'une mission « à 360 degrés », douze conseillers doivent évaluer les besoins et attentes, orienter, coordonner les solutions... Au 6 décembre, ils ont ainsi pris en charge 147 situations mais, ces dernières semaines, le rythme s'intensifie. Principal motif ? Des questions sur les démarches administratives (46 %), le besoin de répit ou de solution d'accueil (20 %), la santé (11 %) mais aussi l'emploi, des interrogations sur un établissement médico-social spécifique, la scolarisation, l'accessibilité... « Les communautés s'appuient sur l'esprit de solidarité né pendant le confinement. Il s'agit de développer des réponses coordonnées sur un territoire et de renforcer la coopération entre les différents acteurs, simplifier l'accès à l'offre d'accompagnement et prévenir les ruptures ou encore la gestion trop tardive de situations devenant critiques », précise la communauté 360 Nord.

« Démarche précipitée » ?

« Est-ce le but recherché que de mettre en place de petites solutions d'urgence au nom du concept ambigu d'inclusion plutôt que de créer, non seulement des solutions, mais aussi des places ? », s'interrogeait l'Association nationale des directeurs et cadres d'ESAT (Andicat), en novembre, exprimant « ses fortes réticences à un empilement permanent de mesures peu cohérentes ». Selon lui, ce dispositif s'ajouterait à d'autres : les réponses accompagnées pour tous (RAPT), les plans d'accompagnement global (PAG), la modernisation des systèmes d'information, le « changement trop rapide » de l'évaluation des établissements et services médico-sociaux, les CPOM (Contrats pluriannuels d'objectifs et de moyens dans les ESMS) « non encore signés »... « Il est grand temps de renoncer à des démarches peu visibles et précipitées qui n'apportent que confusion, ennemi de l'accès à leurs droits des personnes vulnérables ; il s'agit de répondre enfin dignement à leurs attentes », exhorte l'association, appelant à poursuivre des actions « qui promeuvent les coopérations, les interactions, la fluidité de solutions réalistes et, enfin, les complémentarités de réponses plurielles et agiles ».

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