Faciliter l'accès des jeunes handicapés à l'enseignement supérieur, une "priorité" pour la ministre dédiée, alors qu'ils représentent seulement 1,7 % des étudiants. Pour changer la donne, elle mise sur une orientation et un accompagnement adaptés.
Frédérique Vidal fait sa rentrée le 15 septembre 2020. Lors d'une conférence de presse (vidéo ci-contre), la ministre de l'Enseignement supérieur dévoile sa feuille de route pour cette année 2020-2021, « évidemment pas comme les autres », jugée « délicate ». « Les universités et les écoles vont rouvrir leurs portes après plusieurs mois de fermeture, des néo-bacheliers, plus nombreux, vont entamer leurs études après une fin d'année scolaire bouleversée par le confinement...», observe-t-elle, déplorant « le poids de la crise sanitaire sur l'organisation des enseignements et de la vie du campus ». Selon elle, face à cette situation inédite, la communauté universitaire « s'est mobilisée (…) pour la jeunesse », à la fois « première victime de la crise économique et sociale et notre meilleur atout pour nous en relever ». Le gouvernement a donc décidé de lui consacrer le premier acte de son Plan de relance avec l'ambition de « ne laisser aucun jeune sans solution », y compris ceux en situation de handicap.
34 000 étudiants handicapés
« Aucun jeune de notre pays ne doit être privé par son origine sociale, son lieu de naissance ou son handicap de tout ce que notre enseignement supérieur a à offrir », insiste Frédérique Vidal qui fait le vœu d'un « enseignement supérieur inclusif ». L'accès des jeunes handicapés aux études est une « priorité », a réaffirmé la ministre lors des premières universités d'été du Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH) le 26 août 2020 (article en lien ci-dessous). Pour l'heure, seuls 34 000 y sont inscrits, soit 1,71 % des étudiants.
Parcoursup : des outils dédiés
Pour changer la donne, la ministre mise sur l'orientation et l'accompagnement, notamment via Parcoursup. La plateforme destinée à gérer les vœux d'affectation des futurs étudiants offre notamment, selon elle, un suivi individualisé tenant compte des besoins spécifiques, un référent handicap par formation ou encore un numéro vert pour les personnes sourdes et malentendantes. Des dispositifs qui « portent leur fruit », assure le ministère s'appuyant sur la hausse de 22,6 %, en 2018, du nombre d'étudiants inscrits en première année ayant bénéficié d'un accompagnement après avoir déclaré leur handicap. Pour continuer dans cette voie, de nouvelles modalités ont été mises en place sur Parcoursup, et notamment une fiche de liaison handicap pour faciliter le réexamen de la candidature du jeune et préparer les accompagnements nécessaires en vue de la rentrée universitaire, ainsi qu'une autre indiquant la politique d'accompagnement proposée par chaque établissement en cas de handicap.
Accessibilité de la formation et des bâtiments
Pour améliorer l'accueil et l'orientation des étudiants handicapés, les établissements d'enseignement supérieur se sont dotés d'un dispositif dédié ainsi que d'un référent handicap. « L'inclusion, c'est accueillir les étudiants en situation de handicap mais c'est aussi les faire réussir », plaide le ministère dans un communiqué. Pour mettre en place des aides spécifiques dédiées , il mobilise 7,5 millions d'euros chaque année. Selon lui, 80 % des étudiants en situation de handicap recensés bénéficient d'un plan d'accompagnement personnalisé pour le suivi des études et 82 % d'un aménagement des modalités de passation d'examens. Mais, en pratique, de nombreux élèves, notamment « dys », doivent parfois se battre pour les obtenir (article en lien ci-dessous). De même, 81 % des établissements affirment développer des actions pour rendre accessible leur formation. Encore faut-il pouvoir se rendre sur le lieu d'apprentissage... A ce titre, 14,7 millions d'euros seraient alloués, chaque année, à la mise en accessibilité des bâtiments universitaires et de vie étudiante. Enfin, la Contribution vie étudiante et de campus (CVEC) destinée aux étudiants handicapés leur permet d'accéder à des offres culturelles et sportives.
Le ministère s'engage également à favoriser l'accès aux études supérieures aux lycéens autistes, en accompagnant les établissements vers une plus grande accessibilité des formations, des services communs comme les bibliothèques universitaires et une meilleure appropriation du dispositif CVEC pour faciliter l'accès aux services de santé et de vie étudiante.
Autres mesures…
D'autres mesures ont été prises afin de « soutenir les étudiants les plus fragiles », tels que le gel des frais d'inscription à l'université, la hausse des bourses sur critères sociaux (+1,2 %), le ticket U abaissé à un euro pour les étudiants boursiers ou encore l'augmentation des prêts-études garantis par l'État (+ 16 millions d'euros) pour soutenir 58 000 bénéficiaires potentiels. D'autres soutiens complémentaires sont par ailleurs toujours mobilisables, à commencer par les aides spécifiques, gérées par les Crous, qui peuvent donner un coup de pouce aux étudiants qui rencontrent des difficultés ponctuelles ou pérennes.