Ces villes qui traduisent leur conseil municipal en LSF

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La langue des signes a fait une véritable percée médiatique lors de la crise sanitaire. Désormais, des villes franchissent également le pas en traduisant leur conseil municipal en live. C'est le cas, pour la 1ère fois, de Poitiers ou de Massy.

 

La langue des signes française (LSF), langue à part entière, serait-elle en train de faire une percée « légitime » dans la sphère politique, et par la même occasion dans la vie des Français ? Durant tout le confinement, les discours d'Emmanuel Macron sont traduits en live, ainsi que les comptes-rendus quotidiens sur le bilan de la pandémie du directeur général de la santé, Jérôme Salomon. Une première le 15 juillet 2020, celui du Conseil des ministres se fera désormais en présence d'un interprète en langue des signes aux côtés du porte-parole du gouvernement (article en lien ci-dessous).

Une première à Massy

Mais ces initiatives pourraient-elles envoyer un bon « signe » aux autres instances, au plus près des citoyens ? Oui, répondent certains conseils municipaux. Alors que des villes comme Paris, Lyon, Reims ou Montpellier proposaient déjà des « condensés ou retransmissions » en LSF, mais via la vidéo, d'autres instaurent désormais la présence d'interprètes, en live, pour leurs administrés sourds et malentendants. C'est le cas à Massy (91) qui se félicite de cette « première de son histoire », qu'elle entend pérenniser. Sept personnes du public présentes ce jour-là sur douze étaient sourdes. « Cette nouvelle possibilité d'inclure tous les citoyens doit profiter non seulement aux personnes sourdes, mais aussi malentendantes, aux déficients auditifs qui ont besoin de cette langue complémentaire pour suivre des grandes assemblées », assure la municipalité.

Grand Poitiers en LSF

Fin juillet 2020, un nouveau cap vient également d'être franchi pour les conseils municipaux et communautaires de Poitiers et Grand Poitiers, qui abrite l'une des plus importantes communautés sourdes de France. « La crise sanitaire a accéléré les choses, explique Christelle Roques, l'un des treize interprètes de l'association 2LPE à La nouvelle république. Cette pandémie a permis de prendre conscience que le non-accès à l'information pouvait mettre les sourds en danger de mort ». L'Association des sourds de Poitiers salue « un geste inclusif primordial » et un « grand bond en avant » pour cette « ville inclusive et solidaire » ! Il s'agit, en effet, de combler le retard abyssal de l'accessibilité politique…

Un exercice intense

Lors du dernier conseil communautaire, pendant cinq heures et trente minutes, trois interprètes se sont ainsi relayés par tranche de 10 à 15 minutes. « C'est intense, confie à La nouvelle république l'une d'entre eux, Agnieszka Jastrzebska. Interpréter la langue des signes, c'est à la fois traduire le sens mais également faire passer les émotions, le stress, la façon de parler de l'interlocuteur. Ça bouscule. C'est énergivore. » C'est le « prénom signé » qui a été adopté pour identifier les différents intervenants. Se substituant au prénom usuel, il pointe une habitude, une particularité physique, un caractère, un signe éminemment distinctif. Pour la nouvelle maire de Poitiers, Léonore Moncond'huy, élue en juin 2020, un C au niveau du cœur ; ce signe lui a été attribué par des sourds au motif qu'elle a été l'une des premières à faire appel à eux lors de sa campagne électorale.

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