Handicap dans les médias : des progrès encore insuffisants

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Les années se suivent et les constats se ressemblent... Si l'offre de programmes sous-titrées est conséquente à la TV, l'offre en ligne reste marginale et les personnes handicapées encore trop rares sur les écrans, constate le CSA.

Selon le rapport publié le 29 juillet 2020 par le CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel) portant sur l'année 2019, quel bilan de la prise en compte des personnes handicapées par les grandes chaînes de télé et leur représentation à l'écran ? Dans l'ensemble, les chaînes ont respecté leurs obligations de sous-titrage (100% des programmes pour les grandes chaînes, moins pour les autres). Du côté des chaînes d'info, Franceinfo et France 24 sont celles qui proposent les volumes de programmes sous-titrés les plus élevés. L'offre de programmes en audiodescription, accessibles aux personnes aveugles ou malvoyantes, est en augmentation, note également le CSA. Sept chaînes (TF1, C8, W9, TMC, TF1 Séries Films, 6Ter et Chérie 25) ainsi que France Télévisions ont renforcé leur offre de programmes audiodécrits par rapport à 2018, même s'ils ne sont pas toujours inédits.

Programmes en LSF

Concernant les programmes en langue des signes, seules les chaînes d'information en continu sont tenues de diffuser certains journaux en LSF. BFMTV a mis en place en novembre 2019 une équipe d'interprètes "permettant au public sourd ou malentendant une meilleure identification du service qui leur est dédié", souligne le CSA. D'autres chaînes ont aussi pris des initiatives, comme France 2 avec ses JT du matin traduits en LSF et France 5 son émission hebdomadaire L'oeil et la main. Le groupe M6 diffuse un magazine pour enfants, un JT et un magazine en ligne. Gulli et Piwi ont aussi proposé des dizaines d'heures de programmes pour enfants. Alors que les téléspectateurs regardent de plus en plus de programmes en rattrapage, il reste toujours difficile de trouver ces programmes sous-titrés en ligne ou sur les box, regrette le CSA. Certains players vidéo ne permettent toujours pas aux chaînes d'intégrer une seconde piste audio, et l'absence de norme standard les oblige à créer des versions spécifiques de chaque programme pour chacune des plateformes.

Représentation du handicap inexistante

En 2019, la représentation du handicap reste par ailleurs "quasi-inexistante" à la TV, regrette le CSA ; seulement 0,7 % du total des personnes indexées par le CSA sont perçues comme handicapées (contre 0,7 % en 2018, 0,6 % en 2017 et 0,8 % en 2016). "Ces chiffres restent bas malgré les efforts déployés par les chaînes pour mettre en scène, notamment dans leurs fictions emblématiques, des héros ou personnages principaux en situation de handicap", note le CSA, comme dans Good Doctor sur TF1 ou Un si grand soleil sur France 2. Les dirigeants des principaux médias audiovisuels (TF1, France Télévisions, M6, Radio France...) ont signé une charte fin 2019 dans laquelle ils s'engagent à rendre la question du handicap plus visible sur leurs antennes (article en lien ci-dessous). Le CSA devrait faire une première évaluation de son impact en 2020.

2020, percée de la LSF

2020, un meilleur cru ? Le compte rendu du Conseil des ministres sera désormais « systématiquement » traduit en langue des signes françaises (LSF) grâce à la présence d'un interprète aux côtés du porte-parole du gouvernement (article en lien ci-dessous et photo). C'est chose faite depuis le 15 juillet. Depuis quelques mois, la LSF a fait une percée « inespérée » sur nos petits écrans. D'abord lors de la mobilisation des Gilets jaunes puis dans le cadre de la crise du Covid, des interprètes figuraient aux côtés du président de la République à l'occasion de ses discours télévisés et tous les soirs à l'heure du bilan de la pandémie par le directeur général de la santé, Jérôme Salomon. Des raisons d'espérer ?

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