Une application redonne de la voix aux enfants autistes

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20180521_1_5_1_1_0_obj17549260_1.jpgEn bout de table dans la salle de classe, Thierry semble être un garçon comme les autres. Allure sportive, sourire malicieux, il arbore un survêtement aux couleurs d'un club de football européen. Pour lui, c'est le Bayern. Pour d'autres, c'est Chelsea. En somme, des ados de leur âge. 

 

Dans les faits, non. Ils sont tous atteints d'autisme. Un trouble plutôt sévère dans le cas de Thierry : il ne s'exprime pas. Sa perception vocale diffère des autres. Il ne fait plus partie du système scolaire.

Avec son professeur de l'Institut médico-éducatif La Marsiale dans le quartier Enco-de-Botte (12e), l'interaction se fait par intermédiaires comme des images et des pictogrammes. Un combat de tous les instants pour faire interagir cet interne avec le monde qui l'entoure. Depuis son intégration, les progrès sont là. Ils pourraient surtout prendre dès la rentrée prochaine un coup d'accélérateur grâce à un outil commun à tous les foyers : une tablette numérique.

Pas n'importe laquelle. Dépourvu des applications dédiées aux loisirs, cet outil dispose d'une application au nom facile à retenir : Kevivox. D'apparence simpliste, ce programme permet aux enfants atteints d'autisme de transmettre leurs émotions de façon ludique.

Places les uns derrière les autres, des pictogrammes sont prévus pour être identifiables d'un simple coup d'oeil par le public concerné. Un smiley rouge s'affiche. Un tapotement dessus et une voix un brin robotique fait "non". Un smiley vert en face. Même procédé. Cette fois-ci, la voix fait "oui". Il en va ainsi de suite avec les autres symboles pour exprimer la faim, la soif, la colère ou l'envie de se reposer. À voir Thierry l'utiliser dans la salle de classe, la méthode semble marcher. Elle demande toutefois une formation de la part des éducateurs spécialisés pour mieux l'aborder.

"C'est nécessaire pour l'interaction", indique Christine Denis. La quarantaine, elle sait de quoi elle parle. C'est elle, avec l'aide d'un ami programmateur, l'inventeur de l'application. Elle aussi confrontée à l'autisme de son fils Kévin, elle cherchait un moyen de communiquer plus facilement avec lui. Après plusieurs mois d'élaboration, le programme est activé. Testé avec Kévin, il permet des progrès inattendus. "Contrarié, mon fils avait tendance à s'automutiler lorsqu'il ne pouvait pas s'exprimer. Depuis l'utilisation de l'application, il ne se blesse plus", assure cette mère courage, décidée à faire bénéficier de son invention au plus grand nombre. En début d'année, l'Institut médico-éducatif La Marsiale est démarché. Le concept plaît d'autant plus avec la gratuité. Sauf l'achat des tablettes aux frais de l'institut. Pas l'obstacle le plus majeur dans l'espoir d'offrir aux jeunes un apprentissage meilleur.

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