L'Assemblée vote le don de jours de congés payés et RTT pour les aidants

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Il sera bientôt possible de donner un ou plusieurs jours de repos à un collègue s'occupant d'un proche en perte d'autonomie ou handicapé.

Donner des jours de congé à des collègues s'occupant de personnes âgées ou handicapées sera bientôt réalisable. L'Assemblée nationale unanime a voté ce 7 décembre cette possibilité en faveur des "aidants", via une proposition de loi centriste que la gauche de la gauche est seule à critiquer.  

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Ce dispositif de don, volontaire et anonyme, de jour de repos non pris, dépeint comme "un premier pas", a été adopté avec 84 voix en première lecture, Insoumis et communistes s'abstenant.  

8,3 millions d'aidants à soutenir

Dans une France à la population vieillissante et à l'espérance de vie élevée, de 8,3 à 13 millions de personnes aident régulièrement et à domicile un ou plusieurs proches en perte d'autonomie ou avec un handicap. Et environ 4 millions travaillent en parallèle.  

Ils "permettent le maintien à domicile auprès de personnes de confiance, mais ils constituent aussi une solution peu coûteuse pour les finances publiques par rapport à l'embauche de professionnels ou a fortiori au placement dans un établissement", constate le rapporteur, Paul Christophe. 

Cette "générosité" est souvent synonyme de "sacrifices", de problèmes de santé dus au stress et au surmenage, de difficultés pour les "aidants" en activité professionnelle (absentéisme, fatigue, etc), ont relevé nombre de députés.  

Le congé de proche aidant insuffisant

Congé de proche aidant ou droit au répit: la loi sur l'adaptation au vieillissement adoptée sous le quinquennat Hollande a cherché à apporter plusieurs réponses. Mais le congé de proche aidant se heurte à des "conditions de mise en oeuvre encore trop restrictives et à l'absence de rémunération et d'indemnisation", selon le rapporteur, et "beaucoup de salariés utilisent leurs congés payés". 

S'inspirant d'une loi de 2014, qui permet le don de jours de repos à un autre salarié de la même entreprise dont un enfant est gravement malade, les députés UDI-Agir-indépendants (anciens "Constructifs") l'ont transposée. 

La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a défendu un "encouragement à la solidarité" dans le cadre professionnel.  

"L'employeur se défausse"

Rappelant que le programme d'Emmanuel Macron comprenait "le don de RTT entre collègues pour les aidants dans les entreprises", les députés LREM ont appuyé une possibilité "d'avoir plus de temps pour la personne aidée ou un peu de répit" pour l'aidant, selon Annie Vidal. Ils ont fait étendre le dispositif aux aidants de personnes handicapées.  

Outre le MoDem, qui a voté "des deux mains" dans l'attente d'autres mesures pour les aidants, LR a soutenu "une solution pragmatique, même si elle ne peut être que partielle", les socialistes notent "une belle avancée" dans le sillage des "choix de la précédente majorité", Emmanuelle Ménard (élue avec le soutien du FN) "un vrai progrès". 

Au-delà d'"intentions louables", la gauche de la gauche s'est, elle, inquiétée d'une atteinte aux droits à congés des salariés et d'effets pervers.  

La ministre a objecté que le dispositif "ne vise pas à se substituer au congé proche aidant, opposable à l'employeur, mais à le compléter", et que "la société toute entière, pas les seules entreprises" ont à faire face. 

Des UDI, LREM ou MoDem ont condamné LFI, rebaptisée la "France insolidaire et inconstructive" par Agnès Firmin-Le Bodot (Agir). Et l'UDI Charles de Courson s'est emporté: "Si la solidarité, c'est uniquement du haut vers le bas, c'est une drôle de société". 

Article L'Express Entreprise - Publié le 07/12/2017

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