Les départementales et régionales de juin 2021 ont un impact réel sur le quotidien des personnes handicapées. Pour autant, les candidats sont-ils à leur écoute ? Les asso les exhortent à adopter le réflexe handicap ! C'est pas gagné...
Tous aux urnes les 20 et 27 juin 2021 ! Tous, vraiment ? La campagne est ouverte depuis le 31 mai mais les candidats ont-ils bien pris la mesure de l'impact du vote de 12 millions d'électeurs en situation de handicap en France. Comme avant chaque élection, même rengaine, inlassablement, les associations dédiées se rappellent à leur bon souvenir. L'Apajh les exhorte par exemple à « adopter le réflexe handicap ». Plus précisément à « anticiper les besoins et attentes des citoyens en situation de handicap dans chacune de leur décision au Conseil régional ou départemental ».
Région et département : un rôle clé
C'est en effet au niveau des collectivités territoriales que beaucoup de choses se jouent, impactant directement notre quotidien. La région gère les transports, les lycées, l'emploi, la formation, les infrastructures sportives, le numérique, le financement du logement… De son côté, le département a des compétences dans les collèges, la petite enfance, la voirie, le logement ou, plus spécifiquement dans le champ du handicap, les MDPH, le transport des élèves handicapés, la prestation de compensation du handicap ou le financement des établissements médico-sociaux. Si les départementales et régionales ont souvent moins la côte auprès des électeurs, c'est donc bien à tort ! Le Collectif handicaps qui rassemble une 50 aine d'associations est donc sur le front, appelant les candidats à répondre aux enjeux exprimés dans ses nombreux manifestes. De leur côté, 250 élus et proches de la majorité présidentielle ont publié le 4 juin une tribune dans Le journal du dimanche incitant les candidatas à se mobiliser pour l'autodétermination des personnes en situation de handicap et en faveur d'une accessibilité universelle. Elle est signée par les secrétaires d'Etat Sophie Cluzel (handicap) et Adrien Taquet (enfance et famille).
Un vote accessible
Les associations de la déficience visuelle se mobilisent elles aussi pour faire entendre la voix des personnes aveugles et malvoyantes, tout de même 2 millions de… bulletins ! Elles ont notamment conçu un kit pratique dédié à ce public, afin de l'encourager à « s'adresser directement à leurs candidats sur tout le territoire ». L'Unapei mène lui aussi ce combat de l'accessibilité du vote, cette fois-ci pour les personnes avec un handicap mental. « Lorsque l'on a des difficultés de compréhension ou que l'on vote pour la première fois, il n'est pas toujours évident de comprendre le processus électoral », explique-t-elle. Ses associations organisent donc des temps d'échange et des ateliers de mise en situation dans des « faux bureaux de vote » avec de « faux bulletins ».
Des mesures « handicap »
Le gouvernement assure que « garantir aux personnes handicapées l'exercice effectif de leur droit de vote est un objectif prioritaire de l'administration ». Des mesures ont été prises : l'accessibilité des bureaux et techniques de vote est une obligation fixée par le code électoral, le droit de vote est ouvert à toutes les personnes avec un handicap mental depuis 2019, les personnes handicapées ont la possibilité de se faire accompagner dans l'isoloir tandis que le vote par procuration a été simplifié. Depuis le 29 mars 2021, il est par ailleurs écrit dans la loi : « Les candidats veillent à l'accessibilité de leurs moyens de propagande électorale, en tenant compte des différentes formes de handicap et de la diversité des supports de communication », même si le texte est néanmoins jugé trop « light » par certains qui appellent à des sanctions financières en cas de non-respect (article en lien ci-dessous). Mais cette mesure ne vaudra qu'en 2022 pour les présidentielles.
Pourquoi pas un quota ?
Dans un autre domaine, Handidéfence lance une pétition pour demander le « respect de la parité handicap sur les listes électorales », comme cela est fait pour la parité homme/femme. L'association déplore le « peu d'élus handicapés » et rappelle que, sur 577 députés, seul Damien Abad, élu dans l'Ain en 2012, est en situation de handicap visible. Le « quota », c'est aussi le credo de Matthieu Annereau, président de l'APHPP, dont la cécité ne l'a pas empêché d'être élu local dans le 44 et qui encourage les personnes handicapées à s'engager en politique (article en lien ci-dessous). Il y en a d'autres, trop rares, auxquels l'association Droit Pluriel a donné la parole dans sa série de chroniques : Scrutinclusif (article en lien ci-dessous).