Les bénéficiaires de l'Allocation aux adultes handicapés et du minimum vieillesse sont particulièrement touchés par l'isolement social, observe un rapport de la Drees. Le fait d'être fortement limité dans ses activités augmente cette probabilité.
53 % des allocataires de l'AAH (Allocation adulte handicapé) déclarent se sentir seuls (parfois ou souvent), contre 45 % pour ceux du RSA (Revenu de solidarité active). « Près de trois bénéficiaires du minimum vieillesse et de l'AAH sur dix sont isolés en termes de qualité des relations », observe un rapport de la Drees paru en décembre 2020. 28 % des allocataires de l'AAH ont peu ou pas de contacts avec leurs amis et 16 % avec leur famille. Cela signifie qu'au moins une des trois conditions suivantes n'est pas remplie : compter pour quelqu'un, pouvoir compter sur quelqu'un pour recevoir un soutien moral ou que quelqu'un puisse compter sur le bénéficiaire pour recevoir un soutien moral.
Facteur de solitude
« Le fait d'être fortement limité dans ses activités –qui caractérise une situation de handicap– augmente également cette probabilité » d'isolement, expliquent ses auteurs. Il rejoint les conclusions du 10e rapport sur les solitudes publié par la Fondation de France quelques jours plus tôt (article en lien ci-dessous), qui révèle une forte augmentation de l'isolement depuis dix ans, concernant également les personnes handicapées. 51 % des personnes isolées en situation de handicap ou souffrant d'une maladie chronique limiteraient ainsi certains contacts avec leurs proches par crainte d'être un poids pour eux (contre 27 % de l'ensemble de la population – chiffre 2018). Pour faire face, certaines initiatives solidaires voient le jour. C'est le cas de Stent.care qui, après avoir conquis la Belgique, débarque en France. Ce réseau social d'entraide destiné aux personnes qui vivent avec une maladie chronique ou un handicap vise à rompre l'isolement via des échanges anonymes et sécurisés permettant à tous ceux concernés de venir chercher de l'aide ou d'en donner (article en lien ci-dessous).
Des publics isolés
Plus globalement, selon la Drees, fin 2018, les bénéficiaires de revenus minima garantis sont plus concernés par l'isolement social que l'ensemble de la population. Quatre sur dix déclarent se sentir seuls et 8 % n'ont jamais rencontré leur famille au cours des douze derniers mois (10 % pour les titulaires de l'AAH). Ils sont beaucoup plus nombreux à vivre dans un ménage composé d'une personne seule (38 % contre 20 % dans l'ensemble de la population). La fréquence des relations (rencontres de visu ou contacts dématérialisés) avec la famille et les amis est plus faible que celle de l'ensemble de la population, notamment pour les bénéficiaires du minimum vieillesse. Ainsi, 17 % de ces derniers n'ont « pas d'amis » (12 % pour l'AAH) et 8 % ont des relations avec leur entourage moins d'une fois par mois (ou n'ont pas d'entourage) tandis que cette part est de 3 % pour l'ensemble des bénéficiaires de minima et de 1 % pour l'ensemble de la population. Les bénéficiaires de la prime d'activité, certainement parce qu'ils ont une activité professionnelle, sont les moins concernés par l'isolement (13 %).