Le département de la Moselle fait figure de bon élève avec un taux d'emploi de travailleurs handicapés de 8,35 %, au-delà des 6 % réglementaires. Pas de secret, selon lui, pour mettre en place une politique inclusive, il faut avant tout sensibiliser
Avec un taux de travailleurs handicapés de 8,35 % (dont 8,20 % en emplois directs), au-delà du seuil de 6 % exigé par la loi, le département de la Moselle affirme « récolter les fruits d'une politique volontariste » engagée en 2015, via, notamment, deux conventions triennales avec le FIPHFP (Fonds pour l'insertion des personnes handicapées dans la fonction publique). Cette année-là, il inscrivait au cœur de sa politique RH (ressources humaines) un volet « handicap » avec deux objectifs : faciliter le maintien dans l'emploi des agents en situation de handicap ou en restriction d'aptitude et rendre ses emplois accessibles. Au 1er janvier 2019, le département comptait 255 bénéficiaires de l'obligation d'emploi (BOE) sur un total de 3 109 agents. La même année, il engageait 79 346 euros auprès des secteurs adapté et protégé.
Le 8 octobre 2020, la Moselle décide de poursuivre sur sa lancée en signant une nouvelle convention avec le FIPHFP pour 2021-2023, dotée d'un budget de 435 225 euros. Son credo : « L'emploi des personnes en situation de handicap, c'est toute l'année ! », comme en témoigne Valérie Romilly, vice-présidente déléguée à l'autonomie et la santé... Elle répond à nos questions.
Handicap.fr : Quel est le moteur de votre politique inclusive ?
Valérie Romilly : C'est tout d'abord une volonté forte de notre président, Patrick Weiten.
H.fr : Les personnes qui décident de s'impliquer sont très souvent elles-mêmes concernées par le handicap. Est-ce le cas ?
VR : Je ne sais pas, je ne lui ai jamais posé la question. Ce qui est certain c'est qu'il a cette sensibilité... Il avait deux objectifs majeurs pour le département. Le premier, mettre en place une vice-présidence dédiée à l'autonomie, poste que j'occupe actuellement. C'est l'une des actions phares de notre élection en 2015. La seconde préoccupation, au niveau social, concerne l'enfance en danger.
H.fr : Comment votre engagement sur le handicap a-t-il porté ses fruits ?
VR : Grâce, notamment, à une mobilisation et une sensibilisation dans chacun de nos services. Plusieurs actions ont été conduites pour emmener toutes nos équipes dans cette dynamique inclusive.
H.fr : Par exemple ?
VR : Nous travaillons beaucoup sur ce sujet avec la direction de l'autonomie et martelons un discours positif sur le handicap. Plusieurs forums de sensibilisation ont également été organisés. Si, de prime abord, il peut sembler difficile pour certains salariés de travailler aux côtés d'un collaborateur en situation de handicap, ils se rendent rapidement compte que chacun a énormément à apporter.
H.fr : Votre leitmotiv pour encourager vos équipes à davantage d'inclusion ?
VR : Les personnes handicapées méritent cette reconnaissance, elles sont volontaires, veulent briser les idées reçues et prouver qu'elles savent faire plein de choses, à condition qu'on les accompagne.
H.fr : Quand avez-vous franchi le taux de 6 % ?
VR : Quand le président a été élu en 2011, nous n'atteignions pas ce seuil. Mission accomplie en 2013 !
H.fr : On dit souvent que ce taux n'est pas un plafond mais un plancher. C'est cette conviction qui vous anime ?
VR : Exactement. Il est fondamental d'essayer de toujours faire mieux. L'ambition de la loi de 2005, c'était l'inclusion mais nous en sommes encore loin. C'est aussi à nous, au sein de la collectivité et du département, d'avancer dans cette direction et de montrer l'exemple.
H.fr : La fonction publique, notamment d'Etat, n'est pas vraiment exemplaire dans ce domaine avec un taux de 4,86 % (article en lien ci-dessous). Pourquoi le versant territorial est-il plus proactif ?
VR : Dans les départements, nous sommes peut-être plus sensibilisés au regard des compétences et des tâches que nous assumons. Pour les autres collectivités, au sein des établissements publics de coopération intercommunale notamment, il faut encore régulièrement aborder le sujet pour qu'on puisse tendre vers l'augmentation du nombre de travailleurs handicapés. Ce n'est pas encore gagné !
H.fr : Votre taux de maintien dans l'emploi est élevé. Mettez-vous également en place des actions pour favoriser le recrutement de travailleurs handicapés ?
VR : En effet, 201 travailleurs ont été maintenus en emploi -principalement après des accidents de la vie ou des maladies invalidantes- tandis que 56 ont été embauchés, majoritairement dans le secteur tertiaire et l'administration. Nous continuons, bien entendu, cette politique de recrutement et travaillons étroitement, en partenariat avec la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH), l'Agence régionale de santé (ARS) et la Région, en collaborant notamment avec un centre de réadaptation qui forme des personnes handicapées notamment via l'emploi accompagné.