Nanisme : achondroplasie, bientôt un traitement?

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Bientôt un traitement pour l'achondroplasie ? Près de 30 ans après la découverte du gène responsable de cette maladie génétique à l'origine d'une forme courante de nanisme, plusieurs pistes thérapeutiques sont à l'étude.

 

1994. Après l'avoir étudié pendant plusieurs années, Laurence Legeai-Mallet, chercheuse à l'Institut Imagine, co-découvre le gène responsable de l'achondroplasie, une maladie génétique à l'origine d'une forme courante de nanisme. Son nom ? FGFR3. Cinq caractères qui ont pour conséquences : retard de la motricité, hypoplasie (croissance retardée d'un tissu ou d'un organe), macrocéphalie (taille anormalement grande du périmètre crânien), problèmes respiratoires et parfois une obésité ou encore une compression de la moelle épinière. Après trente ans de recherches, plusieurs pistes de traitement ont été explorées. Un « aboutissement riche en émotions » pour Laurence Legeai-Mallet mais aussi un espoir pour cette pathologie qui concerne environ une naissance sur 20 000 et est source de nombreux préjugés.

Diminution de l'élongation osseuse

Du grec « achondroplasia », elle désigne littéralement « l'absence de croissance du cartilage », un tissu souple qui recouvre les extrémités des os pour constituer l'articulation. Néanmoins, l'achondroplasie ne provoque pas une malformation du cartilage mais des os. Cela concerne principalement les « os longs »,tels que les bras et les jambes, qui sont alors plus courts mais avec un volume augmenté. « Une mutation du gène FGFR3, chez les patients atteints d'achondroplasie, altère l'ossification, mécanisme qui transforme les tissus fibreux ou cartilagineux en os, graduellement de l'enfance à la puberté, précise Laurence Legeai-Mallet. La protéine FGFR3 est en permanence activée, ce qui perturbe l'équilibre entre prolifération et différenciation des cellules dans la plaque de croissance, siège de la progression osseuse ». Cela entraîne une « diminution de l'élongation osseuse ».

Essais cliniques ciblés en cours

Alors que les premiers essais cliniques débutent avec le Vosoritide, un médicament expérimental, la chercheuse et son équipe s'attellent à découvrir d'autres molécules capables de contrecarrer l'hyperactivité de FGFR3. En 2016, elle trouve un nouveau candidat potentiel : la molécule Infigratinib, alors testée en essai clinique par le groupe pharmaceutique Novartis pour le cancer des voies biliaires. En juillet 2020, l'administration de la molécule a été effectuée chez une jeune patiente à Melbourne, en Australie, dans le cadre d'un essai clinique de phase 2 coordonné au niveau international par l'institut de recherches pédiatriques australien, le Murdoch children's research institute. Il faudra patienter plusieurs mois avant que les premiers résultats de cette approche thérapeutique ne soient dévoilés mais d'autres essais cliniques ciblés sur FGFR3 sont déjà en cours. 

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