Durant 3 ans, FondaMental a suivi 2 351 personnes présentant des troubles bipolaires avec l'ambition de limiter l'évolution des symptômes et l'impact sur leur quotidien. Surpoids, chômage... Plusieurs facteurs aggravants ont notamment été identifiés.
Prédire l'évolution des symptômes des troubles bipolaires ? Mission impossible pour de nombreux médecins. Pour en faire une réalité, la fondation FondaMental, dédiée à la lutte contre les maladies mentales, a mené une vaste étude pendant trois ans auprès de 2 351 patients suivis par ses centres experts. Elle a permis de mettre en lumière les évolutions possibles de cette pathologie mais aussi sept facteurs déterminants « sur lesquels il est possible d'agir pour éviter une dégradation de l'évolution du fonctionnement de la personne au quotidien ». Un espoir thérapeutique pour le million de Français concerné.
3 types de trajectoires possibles
Trois types de trajectoires ont été identifiés tout au long du suivi : une altération fonctionnelle considérée comme légère pour 72 % des personnes présentant des troubles bipolaires, sévère pour 20 %, ainsi qu'une amélioration fonctionnelle pour 8 % d'entre elles. Les facteurs aggravants ? Un traumatisme infantile, une situation de chômage, un nombre plus élevé d'hospitalisations, des symptômes dépressifs, un surpoids ou une obésité, des troubles du sommeil et un nombre plus important de médicaments psychotropes (antidépresseurs, somnifères, anxiolytiques) prescrits initialement.
Plusieurs paramètres étudiés
Pour en arriver à cette conclusion, les chercheurs ont étudié des paramètres à la fois cliniques (comorbidités psychiatriques, traitement psychotrope, adhésion au traitement, sommeil, symptômes psychiatriques...), biologiques (glycémie, hypercholestérolémie...), physiologiques (tension artérielle, poids...) et sociodémographiques (sexe, âge...). Le fonctionnement global a, quant à lui, été déterminé selon le test d'évaluation fonctionnelle des troubles bipolaires (FAST) comprenant 24 éléments dans six sous-domaines : la cognition, l'autonomie, le fonctionnement professionnel, les problèmes financiers, le temps libre et les relations interpersonnelles.
Vers des actions personnalisées
Selon FondaMental, ces résultats, « cohérents avec ceux mis en évidence dans plusieurs études transversales », montrent que plusieurs facteurs peuvent être l'objet de cibles thérapeutiques dans le cadre d'un plan de soin personnalisé. Les symptômes dépressifs peuvent, par exemple, être diminués grâce à des stratégies thérapeutiques médicamenteuses et psychothérapeutiques, ou encore la qualité de vie améliorée avec certains modèles de réhabilitation psychosociale. Un travail d'accompagnement pour perdre du poids, la thérapie EMDR (eye movement desensitization and reprocessing ou désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires, en français) pour limiter l'impact de traumatismes infantiles ainsi que des efforts pour réduire la polymédication (administration d'un nombre excessif de médicaments) sont aussi des pistes prometteuses, à condition qu'elles soient personnalisées.