Accessibilité : la télémédecine fait la sourde oreille ?

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Les téléconsultations ont été multipliées par 100 durant le confinement. Un outil nécessaire pour compenser la fermeture des cabinets médicaux mais inadaptée pour les personnes non et malentendantes. Une asso réclame son "accessibilité universelle".

 

Pour garder le lien en période de confinement, les outils numériques ont été sollicités de manière inédite. Après le télétravail, les téléconsultations ont connu un véritable boom en atteignant le nombre d'un million par semaine, en avril 2020, en France. Une option particulièrement profitable pour de nombreuses personnes handicapées alors que les cabinets médicaux étaient soit fermés, soit inaccessibles, mais pas pour toutes... Six millions de personnes sourdes et malentendantes ont été dans l'impossibilité d'accéder à la télémédecine. Une difficulté qui venait s'ajouter à l'impossibilité de lecture labiale due aux masques portés par le personnel soignant dans les hôpitaux. Pour impulser l'accessibilité universelle des téléconsultations, la Fondation pour l'audition a organisé ses premières rencontres, le 2 juillet 2020, en présence d'acteurs publics, privés et associatifs du secteur. Son credo : le changement, c'est maintenant.

Multiplier les moyens de communication

« La crise a montré la pertinence de la télémédecine. Il faut donc la penser universelle, annonce Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat au Handicap, en préambule. L'enjeu est d'offrir cette solution à toutes les personnes en situation de handicap, et cette accessibilité est aussi une réponse à la crise, c'est indéniable. » Pour ce faire, il convient de mettre à disposition des patients tous les moyens de communication possibles : sous-titrage, langue française parlée complétée (LfPC), langue des signes française (LSF)... « Les solutions technologiques peuvent être déployées et mises en place rapidement sur les plateformes puisqu'elles existent déjà, pour la plupart », plaide la Fondation pour l'audition qui exhorte également à « penser de nouvelles fonctionnalités pour lever les freins et les craintes » que provoque la téléconsultation.

Un remboursement à 100 % ?

Autre requête : assurer un remboursement à 100 % des téléconsultations pour toutes les personnes déficientes auditives. Cette accessibilité a évidemment un coût et « nécessite des investissements pour garantir son accès au plus grand nombre, poursuit la Fondation. Elle serait déjà présente si ce n'était pas le cas. » Selon elle, « cet investissement ne peut pas être porté par les personnes sourdes » mais par les acteurs de la santé en ligne, les plateformes de communication accessible, l'Assurance maladie, les mutuelles et complémentaires santé. Les pouvoirs publics ont également, selon elle, un rôle prioritaire à jouer car, au-delà de l'aspect de la dimension médicale, « les inégalités d'accès à la téléconsultation ont un impact social majeur ». Pour Jérémie Boroy, président du Comité national consultatif des personnes handicapées (CNCPH), « nous avons la responsabilité collective de garantir cette accessibilité dès aujourd'hui ». « En laissant filer le temps, en attendant plus tard, nous ne faisons rien d'autre que de créer des situations de handicap nouvelles », conclut-il.

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