Week-ends, réadmissions, visites… : comment les foyers pour personnes handicapées appliquent le déconfinement

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« Le déconfinement des personnes en situation de handicap accompagnées par une structure médico-sociale est fondé sur un principe général de non-discrimination », insiste le ministère de la Santé.

 

De nombreux foyers pour adultes handicapés autorisent à nouveau les sorties. Les week-ends en famille aussi, sans imposer ni test ni confinement au retour. Pour les réadmissions des résidents restés confinés chez leurs parents, les règles sont plus disparates.

Murielle Barcet va devoir attendre avant de passer un week-end avec ses filles. Confinement oblige, voilà plus de deux mois qu’elle n’a pas pu recevoir ses jumelles, déficientes mentales, qui vivent dans une Maison d’accueil spécialisée de Haute-Garonne. Et pour le moment, le déconfinement n’a rien changé.

« Au regard (…) des deux cas de résidents atteints de coronavirus et de la fragilité caractérisée de personnes accueillies »les retours au domicile « ne sont pas envisagés actuellement », explique la direction dans un courrier adressé aux familles.

« Oui, j’ai hâte de revoir mes filles mais pas au détriment de leur santé », se raisonne Murielle Barcet.  Pas de chance car de nombreux établissements de personnes handicapées ont assoupli les conditions de départ en week-end. Même en zone rouge.

Accompagner les familles dans le déconfinement

« Les résidents qui rentrent chez eux pour quelques jours n’ont à subir ni test, ni quatorzaine à leur retour, explique Jean-Louis Febvre, le directeur du pôle accompagnement et habitat de l’Adapei du Doubs. En revanche, nous avons bien pris soin d’expliquer aux familles et aux résidents la responsabilité qui est la leur. »

L’association a même édité des documents d’information en facile à lire et à comprendre. Et au besoin, un éducateur peut accompagner la première sortie en famille pour aider à leur appropriation.

Une charte de bonne conduite pour les week-ends

Pas de test ni de quatorzaine non plus, chez APF France handicap. Mais une charte pour les courts séjours à domicile, insistant sur le respect des mesures de sécurité (pas de grand rassemblement familial, lavage des mains…), a été élaborée avec les représentants des usagers.

Des visites au compte-gouttes… ou libres

« C’est insupportable pour lui et pour moi. » Myriam Delettre n’a quasiment plus vu son mari depuis la mi-mars. Atteint d’une sclérose en plaques, il vit dans une maison d’accueil spécialisée (Mas) de l’Essonne.

Avant, elle allait le voir tous les jours. Désormais, c’est uniquement sur rendez-vous, dans le cadre du protocole exceptionnel mis en place durant le confinement. « C’est mon tour une fois toutes les trois semaines. Et on doit rester chacun d’un côté d’une séparation. » 

En Île-de-France, les recommandations de l’ARS restent en effet très strictes. Pour les visites, les établissements ont pour consigne de « privilégier un espace extérieur, sinon un espace dédié… » Ils peuvent également imposer une prise de rendez-vous.

Mais certaines associations gestionnaires ont décidé de se montrer plus souples. Dans les établissement APF France handicap, les familles ont de nouveau le droit de rendre visite à leur proche. Des visites presque comme avant, aussi souvent que désiré, dans la chambre du résident. « En revanche, comme pour toute activité sociale aujourd’hui, il faut respecter les mesures de sécurité. De distanciation physique, notamment  », précise Olivia Bouys, d’APF France handicap.

« Les retours en famille sont autorisés. »

Cet assouplissement s’inscrit dans la logique des consignes du ministère de la Santé édictées le 9 mai. « Le déconfinement des personnes en situation de handicap accompagnées par une structure médico-sociale est fondé sur un principe général de non-discrimination », pointe la note. 

Plus concrètement, « les retours en famille sont autorisés ». Lorsqu’elles reviennent dans leur établissement, les personnes doivent simplement se soumettre à « une prise de température frontale ». Et à un questionnaire pour déterminer un éventuel risque de contamination.

Les mêmes droits, à domicile et en établissement


Olivia Bouys : « Il est essentiel de respecter les libertés de tous. »

Les établissements sont également tenus « d’adapter leur organisation pour permettre aux personnes accompagnées qui le souhaitent » d’aller se balader. « Au même titre que les personnes en situation de handicap vivant dans un domicile personnel », ajoute la note.

« Il est essentiel de respecter les libertés de tous », approuve Olivia Bouys. Mais la responsable du pôle innovation et développement de l’offre de services à APF France handicap reconnaît que le message a été diversement accueilli. Tant par des professionnels que par des usagers.

Des résidents ne demandaient qu’à sortir quand d’autres s’y refusaient. Certains demandaient même qu’une zone de l’établissement soit réservée aux personnes qui resteraient confinées pour éviter tout risque de contamination.

« Il a fallu expliquer que le déconfinement n’était pas optionnel, poursuit Olivia Bouys. Mais que ce droit individuel s’accompagnait d’une obligation commune à tous : le respect des mesures de sécurité. »

Ainsi, ceux qui le souhaitent restent libres de ne pas sortir, ni de participer aux activités collectives. Ils peuvent même continuer à déjeuner et dîner dans leur chambre.

Une première sortie accompagnée


Les sorties nature sont privilégiées pour les patients à risque.

« Pour les résidents à risque de développer une forme sévère de Covid-19, pour le moment, nous recommandons de reporter les sorties en ville, complète Jean-Louis Febvre, le directeur du pôle accompagnement et habitat de l’Adapei du Doubs. Mais cela peut s’envisager en pleine nature, par exemple. »

Dans tous les cas, à risque ou pas, la première sortie, est accompagnée. Voire les suivantes, si cela s’avère nécessaire pour le respect des gestes barrières.

Un test Covid-19 négatif avant toute ré-admission

Et les résidents restés dans leur famille le temps du confinement ? Là, la doctrine varie. Chez APF France handicap, ils doivent se soumettre à un test, à domicile, avant leur réadmission, résultats négatifs à l’appui.

À l’Adapei du Doubs, le dépistage, généralement pratiqué à l’entrée de l’établissement, sera suivi d’un isolement en chambre le temps d’avoir les résultats. Sous 24 heures la plupart du temps.

Sept jours en chambre individuelle en Île-de-France

Mais en Île-de-France, l’Agence régionale de santé recommande un protocole plus strict. Après un premier test négatif, la personne sera isolée en chambre individuelle et/ou en zone de quarantaine pendant sept jours. Elle n’en sera libérée qu’après un second test négatif, pratiqué au septième jour. Déconfiner s’avère bien plus complexe que confiner. 

Chantage à la place interdit

Sylvie n’en revient toujours pas. Début mai, elle a reçu un appel de l’établissement vendéen où vit habituellement son fils. Pendant le confinement, il était revenu à la maison. Et la directrice souhaitait savoir quand il reviendrait. « Quand je lui ai dit que je comptais le garder jusque fin mai, elle m’a dit que sa place ne lui resterait pas forcément acquise jusque là. »

Un chantage à la place inacceptable. Le ministère de la Santé l’a rappelé dans sa note du 9 mai. « Les personnes qui resteront au domicile de leurs proches conserveront le bénéfice de leur place d’hébergement dans l’éventualité où elles décideraient de ne pas réintégrer dans l’immédiat la structure concernée. »

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