Parodier des personnes handicapées dans une danse malhabile, nouvelle "tendance" sur TikTok. Depuis plusieurs jours, le #autismchallenge suscite de vives réactions. Sur les réseaux sociaux, des voix s'élèvent pour dénoncer ces vidéos discriminantes.
Après avoir été censurées, les personnes handicapées moquées sur le réseau social TikTok (article en lien ci-dessous) ? Le #autismchallenge fait grand bruit depuis son arrivée sur cette application mobile de vidéos courant mai 2020. Le principe ? Danser en parodiant les personnes handicapées et plus particulièrement autistes. Au programme : des grimaces et des gestes aussi maladroits que ce défi. Une humiliation de plus pour ce public particulièrement visé par le cyberharcèlement (articles en lien ci-dessous) et un nouveau « bad buzz* » pour le réseau social le plus populaire du moment (1,5 milliard d'utilisateurs).
Les personnes autistes indignées
Si de nombreux internautes ont pris part à cette nouvelle « tendance », d'autres ont fait part de leur indignation et de leur colère face à cet « acte discriminant ». Parmi eux, des personnes autistes qui se disent « offensées » et « dégoutées ». « Vous n'avez vraiment pas de cœur », « à vomir », « horrible », « répugnant », réagissent des centaines de personnes à travers le monde, demandant la suppression des vidéos. « Ah, parce que c'est censé être drôle ? », interroge l'une d'elles. « Pile quand tu prépares une vidéo sur les insultes et moqueries sur le handicap, le #autismchallenge qui pop... Je n'en demandais pas tant, il y avait déjà largement matière à travailler », tweete une autre, déplorant ce « monde de crétins ». « Honnêtement, je connais beaucoup de jeunes en situation de handicap super ouverts d'esprit et qui sont les premiers à pratiquer l'autodérision mais, là, vraiment, c'est honteux », assène une autre. « Voici mon incroyable Billy, 3 ans, autiste. Merci de réfléchir avant de lancer ce genre de challenge, il le verra peut-être un jour », plaide une maman.
Accentuer la stigmatisation
« L'un des principaux inconvénients des réseaux sociaux est la possibilité qu'ils offrent de partager largement la haine et la désinformation... le tout derrière un écran », déplorent d'autres parents. « A quel prix éthique sont-ils prêts à faire des millions de vues ? », questionne Chams-ddine Belkhayat, président de l'association Bleu network, papa d'un enfant autiste. De son côté, le secrétariat d'Etat au Handicap juge ce challenge « consternant ». Face à la multiplicité de ces réactions, la plateforme a, depuis, supprimé le hashtag, et de nombreuses vidéos ont été retirées, mais certaines continuent de circuler sur la toile. L'enjeu est donc de rester vigilant sur l'impact de ce type de contenus qui communiquent une vision négative des personnes handicapées et accentuent la stigmatisation de certains troubles, allant à l'encontre de la société inclusive.
La loi Avia contre l'handiphobie en ligne
Au même moment, le 13 mai, la loi Avia est adoptée à l'Assemblée nationale qui vise à mettre fin à l'impunité de la haine en ligne (article en lien ci-dessous). Sur le modèle d'une loi allemande de 2018, les plateformes (YouTube, Facebook...) et moteurs de recherche (Google, Qwant...) auront l'obligation de supprimer, sous 24 heures, les contenus « manifestement illicites » signalés au préalable par les internautes grâce à un bouton unique. Sont concernées les incitations à la haine, la violence, les injures à caractère raciste ou religieux ou encore les discriminations en raison de l'orientation sexuelle et du handicap.