Marseille : les personnes handicapées en mal de transports

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Victime de son succès, le service Mobi Métropole annule à tour de bras. Contraignant des usagers à rester chez eux.

Les bus adaptés de Mobi Métropole ont été mis en place en 2011 pour pallier les problèmes d'accessibilité du territoire marseillais. Depuis deux mois, le service est saturé et ne répond plus à la totalité des demandes, obligeant des handicapés à ne plus sortir.

Aller chez son dentiste, chez son kiné, chez le coiffeur, mais aussi, tous les matins, se rendre sur son lieu de travail, au supermarché pour faire ses courses. Depuis trois ans, Muriel, cadre de santé malvoyante avec canne blanche, jouit d'une véritable autonomie dans ses déplacements grâce à Mobi Métropole. Ce service de transport public de la RTM permet d'accompagner en porte à porte les personnes en situation de handicap (taux d'invalidité d'au moins 80 %) à un tarif très modeste, sur tout le périmètre métropolitain, à l'exception d'Aix et Aubagne.

"Il suffit de réserver par mail ou par téléphone une semaine à l'avance, et le service nous confirme par texto. Il y a également un service d'urgence", explique Muriel. Dans une ville comme Marseille où l'accessibilité accuse un retard énorme, Mobi Métropole constitue un service indispensable pour les personnes handicapées. "Pour une course en taxi VSL facturée 50 , le même déplacement en Mobi Métropole revient 2 ", calcule Muriel, qui paye un abonnement de 46 euros par mois, pour un service organisé tous les jours entre 6 h et 1 h du matin.

Mais ça, c'était avant... Car depuis décembre dernier, à en croire de nombreuses associations oeuvrant dans le handicap, rien ne va plus à Mobi Métropole, qui annule à tour de bras des réservations d'usagers. "Une liste d'attente a été mise en place et la plupart des réservations sont annulées, parfois une heure avant le rendez-vous !", fulmine Muriel, qui a dû renoncer à plusieurs de ses cours de Braille et à des rendez-vous médicaux.

Contactée sur ce dossier, la Métropole confirme : "Le service enregistre des demandes croissantes et a assuré 150 000 voyages en 2017, atteignant sa capacité maximale de prise en charge." Ce qui ne constitue en rien une raison valable pour le Collectif interassociatif Handicap 13, qui réunit une vingtaine d'associations (dont Acces Lib, l'APF, les Chiens guides, les Cannes blanches, Rétina France, etc.). Dans un communiqué publié le 13 février, celui-ci estime que "les droits des personnes en situation de handicap sont bafoués" : "Leur transport n'est plus garanti, les privant de leur activité professionnelle, de la possibilité de faire leurs courses, de mener leurs activités associatives et leur vie sociale."

"Les droits sont bafoués"

Pour Armand Bénichou de Handitoit Provence et lui-même en fauteuil roulant, la saturation du dispositif conduit à "mettre des priorités" entre les personnes handicapées sur liste d'attente : "Les demandes des usagers qui sont en établissements par exemple sont favorisées", ce qui d'après cette association n'est "pas admissible". Dans un courrier adressé à Pierre Reboud, directeur de la RTM, et à Jean-Pierre Serrus, vice-président de la Métropole chargé des transports, l'association AccesLib rappelle que le service Mobi Métropole a été mis en place en 2011, "pour pallier l'inaccessibilité du réseau de transport public".

Le collectif Handicap 13 réclame donc "le rétablissement immédiat du service" et "la mise en oeuvre rapide par la Métropole des moyens nécessaires pour satisfaire les besoins actuels et futurs".

À en croire la réponse fournie par la collectivité (évasive, par mail), les personnes handicapées devront patienter encore quelque temps : "L'accessibilité des transports en commun pour les personnes à mobilité réduite est l'une des priorités de l'Agenda de la mobilité. Face à cette augmentation (de la demande, Ndlr), nous demandons à la RTM d'augmenter le nombre de véhicules en service. La Métropole mettra en place les moyens financiers nécessaires pour répondre aux besoins des personnes à mobilité réduite."

Sophie Manelli - PHOTO DR - La Provence - Publié le 22/02/2018

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