Déçu par les prothèses des professionnels, Francis Personne s’est lancé dans la conception d’une orthèse pour sa main partiellement amputée, grâce à une imprimante 3D. Avec succès.
L’histoire de Francis Personne, 60 ans, va probablement donner de l’espoir à d’autres personnes amputées et handicapées d’un membre, comme lui.
Mai 2006, cet outilleur fraiseur de Chaumes-en-Brie voit sa main droite broyée par une presse, dans un accident du travail. L’ouvrier est amputé de quatre doigts et demi et d’une grande partie de la paume. Débute alors un long parcours pour tenter de trouver « la » bonne prothèse.
Au centre de rééducation de Coubert, une ergothérapeute et une prothésiste lui mettent au point une orthèse. Elle n’est pas homologuée par la Sécurité sociale mais elle lui permet de pincer de petits objets, de tenir une fourchette, un stylo…
« Avec le temps, elle a commencé à fatiguer. Je devais la rafistoler régulièrement, raconte ce grand bricoleur. J’ai tenté de la faire reproduire par des prothésistes. Impossible. Aucun n’y parvenait. Leurs prothèses me blessaient, étaient lourdes, ne me permettaient pas de faire la « pince » correctement… En 2015, j’ai donc décidé de la concevoir moi-même, avec une imprimante 3D. »
« Il aura fallu beaucoup de bidouille et d’essais »
Nous ne sommes qu’aux débuts de ces imprimantes qui transforment du plastique en objet réel, en additionnant du plastique couche par couche, suivant un dessin effectué sur ordinateur. Francis Personne tente de mouler son moignon, de le scanner, se rapproche d’ingénieurs de l’Icam de Lieusaint, en plein projet au centre de réadaptation de Coubert, etc.
« Il y a eu beaucoup de réflexion et de cogitation », confirme son épouse, qui l’a accompagné tout au long de l’aventure. Le Calmétien finit par obtenir le moule plastifié de son moignon. « À partir de là, j’ai pu dessiner informatiquement mon orthèse. »
Il achète une imprimante 3D à 2 300 euros. Au terme de 15 heures de façonnage par l’appareil, sa prothèse prend forme comme par magie. Elle est parfaitement adaptée, « pince » correctement, ne pèse que quelques grammes contrairement aux prothèses classiques.
« Il aura fallu beaucoup de bidouille et d’essais mais j’y suis arrivé, se réjouit. J’ai aussi dû acquérir pas mal de compétences informatiques mais comme j’ai toujours été autodidacte, cela m’a plu. »
Depuis quelques mois, grâce à son orthèse faite maison, Francis Personne peut tenir un crayon, couper les branches de son jardin « et réussir de très bonnes vinaigrettes ! »
Le Parisien - Publié le 29/01/2018