"Guide de jardinage": l'émouvant film d'animation sur l'autisme

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En octobre, Court-Circuit, le magazine d’Arte célèbre le cinéma d’animation. Parmi une sélection de courts métrages, la fable fantastique de Sarah Hatooka-Scebat, Guide de Jardinage, explore les tourments d’une mère d’enfant autiste.

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‘‘Regarde-moi, par ici, tu me vois ?’’ Aria panique. Sa voix est lointaine, bourdonnante. Léo, nouveau né, ne l’entend pas ou si peu. Des ronces s’échappent de son corps, s’accrochent aux bras de sa mère. Guide de jardinage nous invite dans un univers de conte de fées pour aborder les doutes et les difficultés auxquels se heurtent les parents d’enfants autistes. Une voix off décrit l’incompréhension, la culpabilité voire le déni qu’ils affrontent au quotidien. Racontée à la première personne, cette histoire douloureuse est inspirée de la vie de sa créatrice. ‘‘Je ne voulais pas faire de documentaire car je ne voulais pas mettre ma famille, ma vie trop personnelle sur le devant de la scène’’, précise-t-elle dans un entretien pour Arte.

Le monde imaginaire dessiné par Sarah Hatooka contraste avec le réalisme des réflexions d’Aria. ‘‘Et si je me faisais hospitaliser, je le verrais plus, je l’entendrais plus’’, finit-elle par espérer, un bref instant. Désemparée, elle se jette sur un livre de jardinage, à défaut d’un guide d’éducation. Léo pleure, il pleure sans cesse. Armée d’un sécateur, la jeune mère coupe les ronces qui l’empêchent d’enlacer son fils. Rien à faire. Les tiges repoussent, insurmontables. La distanciation opérée par le registre fantastique devient également un exutoire. Mettre en image les mots qui manquent à ces enfants, illustrer le désarroi de leurs parents. Apporter un rien de merveilleux à ce quotidien rythmé par les journées passées dans les centres spécialisés.

Un sujet d’actualité

Jusqu’au 19 octobre, des spécialistes sont réunis à Rambouillet sous la supervision du professeur Jacques Constant. ‘‘Le but, n’est pas qu’ils deviennent normaux, sortent de l’autisme, c’est impossible ! Ce qu’on peut espérer est qu’ils vivent parmi les autres sans être comme les autres’’, précise-t-il dans un article d’actu.fr. Plusieurs conférences seront ainsi dédiées à la sensibilisation du grand public et au soutien des familles. Un premier pas pour pallier l’insuffisance de moyens, humains et matériels, qui isole l’entourage des enfants autistes.

Le 28 septembre l’État a, en effet, été condamné à trouver un établissement adapté à un élève de 12 ans, orienté en 6e générale par manque de place dans les structures adaptées. ‘‘Désormais, le principe est généralisable’’, explique au Parisien, Me David Taron, l’avocat en charge de l’affaire. Une issue optimiste qui franchit le champ législatif pour investir la sphère culturelle. Si la diffusion en ligne du court métrage d’Arte s’achève le 15 octobre, une exposition de photographies intitulée ‘‘Je suis autiste, et alors ? entre intégration et exclusion’’ s’ouvre samedi à la fondation GoodPlanet de Yann Arthus-Bertrand au domaine de Longchamp.

Article Les Inrocks - Publié le 12/10/2017

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