Paralympiques/Gérard Masson : « Des leçons de sport, pas de courage ou d’espoir. »

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faire face.jpgLes XIVJeux paralympiques se sont achevés hier soir à Londres par une cérémonie qui a rassemblé quelque 80 000 spectateurs au Stade olympique. La France termine seulement au 16e au rang des nations, loin de son objectif de retourner dans le top 10. Retour sur 12 jours de compétitions avec Gérard Masson, président de la Fédération française handisport et du Comité paralympique et sportif français (CPSF).


Comment expliquez-vous cette 16e place ?

Avec Jean Minier, le directeur technique national de la Fédération, nous avions étudié les résultats de nos sportifs lors des championnats du monde, et l’on pouvait facilement tabler sur 16 médailles d’or. Si l’objectif avait été atteint, nous aurions intégré ce top 10.
Nous n’en ramenons finalement que 8. Les 163 pays participants, un record, ont tout fait pour être présents. Résultat : 71 sont médaillés. Il n’y a aucune déception quant à nos 18 médailles d’argent.  Les sportifs ne se cherchent pas d’excuses. Ils sont tombés contre plus forts. Le niveau général s'est élevé, grâce à la Chine mais aussi à des pays comme l’Ukraine ou le Brésil. 

Des satisfactions ?

 


Les Jeux dans leur ensemble et notre belle équipe de France, avec le DTN, notre chef de mission, Jean-Paul Moreau et le porte-drapeau Damien Seguin, un vrai capitaine de collectif. 
À 13h hier, j’étais à l’arrivée du marathon avec Marie-Arlette Carlotti, la ministre déléguée aux personnes handicapées, et je n’avais jamais vu une telle ferveur populaire sur une épreuve handisport. Cela fait chaud au cœur et incite les athlètes à se dépasser. 2,7 millions de tickets ont été vendus en tout. Si on pouvait imaginer ça, un jour, dans notre pays, ça pourrait faire augmenter notre nombre de licenciés. 

Londres représente donc un virage ?


Oui, même si on avait déjà connu cet enthousiasme à Barcelone ou à Pékin. Le public applaudissait les records, il était là pour voir des leçons de sport, des performances et pas une leçon de courage ou d’espoir. 
À Londres, une flamme s’est éteinte à la fin des Jeux olympiques et quatre petites flammes se sont aussi allumées pour raconter notre histoire, 1948 et Stoke Mendeville, l’esquisse des premiers Jeux paralympiques. Sebastian Coe, le président, et le comité d'organisation l’ont très bien mis en évidence. Il y a désormais une histoire olympique et une histoire paralympique.

 

Avant ces Jeux vous avez regretté le peu de couverture médiatique…

Pour rester positif, je préfère dire que le verre est à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. Mais même si la finale de cécifoot a été diffusée en direct samedi après-midi sur France Ô, nos épreuves ne sont pas suffisamment retransmises. Je suis impatient de voir si un changement s’opèrera avec les championnats du monde d’athlétisme handisport à Lyon, en 2013, et si une diffusion sur France 2 ou France 3 sera proposée. 

Dans quatre ans, rendez-vous à Rio. Y-a t-il une nouvelle génération pour prendre le relais d’Assia El Hannouni ou de David Smétanine ?


La prochaine génération d’athlètes n’est pas assez importante. Or, il faut quatre ans pour atteindre le haut niveau. On surveille ça. Nous comptons actuellement 25 000 adhérents avec des licences handisport et 45 000 avec des licences de sport adapté. Il faut redire que le sport ce n’est pas compliqué, on peut le pratiquer n’importe où en France dans un club handisport ou non. Si un particulier a un souci pour trouver un club, il ne doit pas hésiter à nous appeler, on l’aidera, nous travaillons étroitement avec les autres fédérations. 
Pour 2016, nous allons être obligés de nous professionnaliser. Deux nouveaux sports seront au programme, le triathlon et le canoë. Mais le plus important sera aussi de rester présent dans des disciplines comme la natation, grosse pourvoyeuse de médailles. Cette année, nous avions 11 nageurs engagés, à l’avenir il faudrait qu’ils soient 20 ou 25 pour pouvoir participer à toutes les épreuves. 

Propos recueillis par Céline Diais - Photo Céline Diais

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