Miroir de mon âme : un film pour apprendre à (se) regarder

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Le premier film documentaire de Deza Nguembock, projeté mercredi dernier en avant-première à Paris, traite du regard porté sur le handicap, souvent plus pénible que le handicap lui-même. Petite séance de rééducation visuelle.

http://www.youtube.com/watch?v=0ulRdFlEv4Y&feature=player_embedded

« Je m’aperçois, à 27 ans, que, finalement, le pouvoir de l’image était ce qui m’a le plus fermement enchaîné à un moi idéal (…). Mon image s’est forgée dans la publicité, les journaux et un constat s’est imposé de façon de plus en plus douloureuse au fil de mon adolescence : je ne suis pas comme cela. »

Ces mots de Benoît, un jeune homme dont le handicap n’est pourtant pas visible, ouvre le documentaire de Deza Nguembock. Pendant 52 minutes, ils vont ponctuer et nourrir la réflexion de Miroir de mon âmeautour d’un constat : le regard sur les personnes en situation de handicap est plus difficile à supporter que le handicap lui-même. Même pour ceux qui regardent…

Comment déculpabiliser le regard des autres pour en finir avec la peur, la gène et les maladresses ? Comment soi-même se voir et s'affirmer comme un être à part entière quand le regard extérieur vous réduit à votre handicap ?

À ces questions, Miroir de mon âme fait plus qu'apporter des réponses. Ce film constitue, en lui-même, une réponse puisqu'il se propose d'éduquer notre regard. En alternant les témoignages filmés et les moments de vie de personnes ayant différentes formes de handicap, il banalise - sans jamais nier les difficultés rencontrées - tous ce qui fait la vie : l'emploi, l'amour, le mariage, le désir d'enfants...

Des vies normales ou extraordinaires ?

On voit ainsi Nicolas, commercial pour un site internet, au volant de sa voiture, se servir un café, préparer le dîner avec sa compagne... Banal. Sauf que Nicolas réalise tous ces gestes sans avoir de bras : ses mains semblent greffées à ses épaules. Est-ce une vie normale ou extraordinaire ? La réponse est peut-être entre les deux.

Autre histoire, celle de Marie, qui souffre d'une maladie évolutive, et de son époux. « Lorsqu'on annonce une naissance, dans toutes les familles, c'est toujours reçu comme une merveilleuse nouvelle. Chez nous, ça a plutôt été une catastrophe ! », raconte-t-il.

Filmé avec tendresse et pudeur, Miroir de mon âme fait aussi, souvent, rire. « J'ai voulu montrer que les personnes handicapées ne vivent pas seulement des problèmes de santé ou d'accessibilité. Il y a autre chose - des questions souvent taboues comme l'amour, le désir de grossesse... - et cela s'appelle la vie ! », explique Deza Nguembock, qui négocie actuellement la diffusion de son documentaire avec différentes chaînes TV.

Ce film prolonge le travail de communication qu'elle mène depuis plusieurs années à travers les campagnes photographiques d'Esthétique et handicap, l'agence qu'elle a fondée. Son leitmotiv : réconcilier ces deux notions pour faire changer l'image que les personnes handicapées ont d'elles-mêmes et le regard porté sur elles.

 

 

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