Bénévole à distance ou comment innover pour garder le lien (04/12/2020)

Accompagnant de personnes non-voyantes, éducateur sportif, tuteur éducatif ou écoutant : témoignages sur le bénévolat à distance au sein d'associations qui font "tout pour maintenir le lien" en pleine crise sanitaire.

 

Son objet initial était d'aider les personnes déficientes visuelles à s'habiller, à "favoriser leur autonomie vestimentaire" mais, confinement oblige, l'association Un regard pour toi s'est adaptée. "On a élargi nos activités, toutes à distance désormais, sous forme de conférences téléphoniques", explique la fondatrice Hayette Louail. Lectures, yoga, cours de langue, d'informatique, de cuisine. "On fait des petits groupes d'apprentissage des langues de trois-quatre élèves avec un professeur bénévole, qui est voyant mais logé à la même enseigne que ses élèves qu'il ne voit pas. L'atelier cuisine est assuré par un non-voyant. Elèves et prof mitonnent leurs recettes ensemble, chacun dans sa cuisine. Nos bénéficiaires ont besoin de contacts. On fait tout pour maintenir le lien avec eux." D'autres initiatives ont vu le jour pour maintenir le lien en pleine pandémie de Covid-19...

La Croix-Rouge chez vous

Lancé en mars 2020 pour venir en aide aux personnes isolées, le programme "La Croix-Rouge chez vous" a déjà permis d'apporter un soutien téléphonique (accompagnement psychologique, "appels de convivialité"...) à 210 000 personnes et de livrer 70 000 paniers de produits de première nécessité. Il mobilise 11 880 bénévoles dont 10 % (1 100) interviennent à distance, selon Marie Alméras, la responsable du programme. "Ils peuvent être répondants, appelants, écoutants ou encore aider à distance à coordonner, à préparer les activités." "On essaie au maximum de permettre d'agir à tous ceux qui ne peuvent intervenir sur le terrain. Car tous n'ont qu'une seule envie, celle de s'engager."

Visio-entraînements pour de jeunes handballeurs

"En période de confinement, je pense souvent à ces enfants que je côtoie habituellement deux à trois fois par semaine et souvent le week-end, combien ce doit être dur pour eux de ne plus avoir cette soupape d'activité et de gaieté", raconte Mostafa Yahyi, entraîneur et responsable sportif des catégories jeunes au Coma Handball d'Argenteuil (Val-d'Oise). "Pour ne pas rompre ce lien, entre eux et avec eux", il a mis en place avec ses deux fils, enfants du club également, "des séances d'activités sportives en visio, trois à quatre fois par semaine en fin de journée. En plus de leur permettre de se maintenir en forme, l'objectif est aussi d'entretenir ce lien hors cadre familial et scolaire, de chasser la morosité et de leur montrer qu'ensemble, nous sommes plus forts que les mauvaises circonstances actuelles."

Des bibliothèques mobiles

Depuis 2007, Bibliothèques sans frontières (BSF) favorise l'accès à l'information, à l'éducation, à la culture partout dans le monde, installant par exemple des médiathèques en kit, des bibliothèques mobiles dans des camps de réfugiés rohingyas au Bengladesh ou dans les quartiers nord de Marseille. "Avec la crise, énormément d'enfants ont été privés d'école. On a essayé de répondre à cette urgence éducative", témoigne Edouard Delbende, directeur du développement de l'ONG. Un programme de tutorat à distance a été lancé au lendemain du premier confinement pour accompagner les enfants en centres d'hébergement. "On a aussi développé du bénévolat à distance pour des travaux de traduction. Avec le Covid, on a tous été obligés de changer nos usages." Responsable du centre de collecte et de stockage de livres de BSF, basé à Epône (Yvelines), Corentin Poirret a vu ses quelque 50 bénévoles, sa "force vive" composée pour beaucoup de retraités de l'Education nationale, contraints de rester chez eux mais toujours aussi désireux d'agir. "On a innové pour maintenir leur activité à distance : ils ont renseigné des notices, établi des fiches de lecture, sélectionné des livres pour des projets."

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