95 % des autistes au chômage : le docu qui brise les clichés (23/11/2020)

400 000 adultes autistes en âge de travailler mais 95 % d'entre eux au chômage. Face à ce constat, le documentaire de Tarik Ben Salah, "Hymne à l'inclusion", entend briser les idées reçues et encourager les entreprises à faire le pari de la diversité

 

« On n'est pas tous des génies, non. Nous sommes à l'image de l'humanité. » Le documentaire Hymne à l'inclusion met en lumière l'intégration de quatre adultes autistes dans un monde professionnel guidé par des objectifs de rentabilité économique (bande-annonce ci-contre). Ce film de 56 minutes produit par l'association Prisme Autisme permet de comprendre comment certaines entreprises ont progressivement façonné et développé leur modèle inclusif et en ont tiré tous les bienfaits. Sa diffusion était prévue le 19 novembre 2020 dans le cadre de la Semaine européenne pour l'emploi des personnes handicapées (SEEPH, article en lien ci-dessous) mais, contexte sanitaire oblige, elle a été repoussée en janvier 2021 (date à définir). Objectif ? Briser les idées reçues sur ce trouble qui touche près de 700 000 Français et inciter les entreprises à faire le pari de l'inclusion.

4 illustrations d'inclusion réussie

« Le grand public a souvent l'habitude de voir des films dans lesquels les personnes autistes ne peuvent pas intégrer des entreprises, des écoles ou des établissements adaptés, constate Tarik Ben Salah, le réalisateur. Mais qu'en est-il des autres, de celles et ceux qui sont déjà dans des entreprises ? Quel est leur travail, quelles sont leurs missions, quelles épreuves ont-ils traversées ? » Tel est l'enjeu de ce docu qui va à la rencontre de Pierre, chargé de communication interne, Matthieu, technicien informatique, Dorothée, analyste développeur, et Pierre, préparateur de commandes dans un supermarché. Des parcours personnels et professionnels variés, aux quatre coins de la France, qui permettent de découvrir des facettes différentes de l'autisme.

Option gagnant-gagnant

« Mes collègues arrivent à me rassurer. Avec des supports visuels, je m'adapte bien », témoigne l'un d'eux. « On ne savait pas qu'en mettant une personne autiste à la communication on allait créer autant de réactions et casser les préjugés ! », se félicite un manager. En effet, les témoignages des salariés autistes sont agrémentés de ceux de leurs collègues et responsables ainsi que de l'éclairage du philosophe et écrivain Josef Schovanec. « Savoir donner sa place à la biodiversité humaine, c'est se construire un avenir », estime ce dernier. Sa conviction rejoint celle de la productrice et présidente de Prisme Autisme, Tatiana Ayme : « Toute la société peut sortir grandie en incluant l'autisme au sein des politiques RSE des entreprises ».

95 % des personnes autistes au chômage ?

Pour l'heure, « notre société s'avère particulièrement incapable de donner une chance de vie digne et épanouissante aux personnes autistes », regrette Jean-François Dufresne, directeur général du groupe Andros et père d'un jeune homme autiste sévère. « 400 000 adultes autistes sont en âge de travailler aujourd'hui en France, or leur taux de chômage global est estimé à 95 %, et quasiment à 100 % chez les autistes dits sévères, systématiquement orientés vers des foyers occupationnels. En tant que dirigeant d'entreprise, je constate qu'il est pourtant possible de les faire travailler et d'exploiter leurs remarquables compétences », assure celui qui est également parrain du documentaire.

Dispositif expérimental d'insertion sociale

En 2016, Jean-François Dufresne a mis en place un dispositif expérimental d'insertion sociale par le travail au sein de l'usine d'Auneau-Bleury-Saint-Symphorien en Eure-et-Loir via son association « Vivre et travailler autrement » (articles complets en lien ci-dessous). Le principe ? Un accompagnement sur les lieux de travail et de vie, situés à proximité. « Les adultes autistes progressent professionnellement et sont heureux tandis que notre entreprise bénéficie de l'implication de travailleurs efficaces, réduisant par la même occasion les coûts d'accompagnement pesant sur la collectivité », ajoute-t-il. « Il est temps que les choses changent et que nous nous engagions collectivement et concrètement. L'autisme n'est pas une déficience mais une différence ; le refus de la différence est une déficience. »

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