Rentrée 2020 : du nouveau pour les élèves handicapés? (27/08/2020)
Quoi de neuf pour les élèves handicapés en cette rentrée 2020 ? Jean-Michel Blanquer rend sa copie dans un contexte sanitaire tendu. Plus d'AESH, plus de Pial, plus de collaboration avec le médico-social et aucun enfant sans solution.
Une conférence traduite en LSF (langue des signes française) et sous-titrée, faut-il le souligner. Le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, s'est exprimé devant la presse le 26 août 2020. Une rentrée placée sous le signe de la Covid, maintenue le 1er septembre. « Une année totalement particulière mais qui ne doit pas être caractérisée que par une réponse à la crise », selon lui. Il maintient le protocole sanitaire défini en juillet (en ligne sur le site du ministère) qui « n'a pas vocation à varier même si des ajustements sont possibles en cours d'année ». Il réitère le port du masque obligatoire pour tous collégiens et lycéens et pour les adultes présents au sein des établissements. Un volant de masques est prévu pour les élèves qui n'auraient pas les moyens de s'équiper.
Grand service de l'école inclusive
Après cette mise au point sanitaire, son propos a également porté sur les élèves en situation de handicap, en présence de Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat au Handicap. 385 000 d'entre eux sont attendus en 2020, soit + 6,6 % par rapport à 2019. 104 500 élèves sont par ailleurs accueillis dans les 9 571 dispositifs Ulis (5 093 Ulis école et 4 478 Ulis 2d degré). Avec la création du grand service public de l'École inclusive, la rentrée 2019 a engagé de premières étapes importantes pour l'amélioration de la scolarisation des enfants handicapés, qui sont 84 000 de plus depuis 2017 à avoir franchi les portes de l'école. « Cette ambition a été réaffirmée comme incontournable par le président de la République lors de la Conférence nationale du handicap du 11 février 2020 », rappelle le ministre, qui va déployer des « moyens supplémentaires ».
Appui aux familles
Alors quoi de neuf en 2020 ? « Une rentrée sous le signe de l'appui aux familles », promet Jean-Michel Blanquer. Depuis le 1er juillet 2020, le 0 805 805 110, numéro national vert et gratuit, permet de joindre, grâce à un serveur interactif et selon le besoin, soit la cellule départementale, soit la cellule nationale Aide handicap École. Des cellules d'écoute et de réponse ont ainsi été réactivées dans chaque inspection académique.
Par ailleurs, les DSDEN (directions départementales), en fin d'année scolaire et avant la rentrée de septembre, ont mis en place une commission d'affectation spécifique pour chaque enfant ou adolescent en situation de handicap sans solution de scolarisation.
Deux entretiens d'accueil sont également proposés en amont, l'un avec les directeurs d'école ou les chefs d'établissement lors de la première rentrée, l'autre avec le professeur et l'AESH (accompagnant d'élève en situation de handicap). Sophie Cluzel entend ainsi « s'appuyer sur le parent expert, afin de débloquer un problème majeur, la méfiance ». Elle veut valoriser la « capacité du parent à expliquer comment fonctionne son enfant ».
Depuis le début du confinement, les inspections académiques et les rectorats ont également mis à disposition des familles des adaptations pédagogiques en libre accès. Une page spécifique pour les élèves à besoins éducatifs particuliers est en ligne sur Éduscol (eduscol.education.fr/pid38943/ecole-inclusive.html).
Les Pial en force
Cette rentrée prévoit également le déploiement des pôles inclusifs d'accompagnement localisé (Pial), une nouvelle forme d'organisation du travail des AESH qui, selon le ministère, « doit permettre de mieux répartir et de coordonner leurs interventions en fonction des besoins et des emplois du temps des élèves concernés ». Il s'opère par un regroupement d'écoles et/ou d'établissements. En 2020, deux tiers des établissements sont organisés en Pial avant une extension à l'ensemble du territoire en 2021. Un cahier des charges Pial renforcés doit prochainement être réalisé.
Coopération avec le secteur médico-social
Le gouvernement veut, par ailleurs, renforcer la coopération entre l'Education nationale et le secteur médico-social au sein des écoles, via, notamment, la création de 225 nouvelles unités d'enseignement externalisées (UE et UEE). 180 nouvelles unités d'enseignement en maternelle autisme (UEMA) sont également créées tandis que 45 unités d'enseignement en élémentaire autisme (UEEA) ouvriront d'ici 2022. Sophie Cluzel mentionne par ailleurs l'ouverture de nouvelles unités pour le polyhandicap inscrites dans l'école ordinaire. 50 nouvelles unités localisées pour l'inclusion scolaire (Ulis) ouvriront également (85 à l'école, 205 au collège et 60 Ulis en lycée). « L'école s'est ouverte, et le ministre de l'Education nationale est celui de tous les élèves, y compris ceux qui sont dans les établissements médico-sociaux », précise-t-elle ; ils sont ainsi de « plus en plus nombreux à franchir ses portes ». C'est l'enjeu des dispositifs permettant à ces professionnels de la rééducation d'intervenir au sein de l'école, avec une « culture conjointe » entre toutes les parties. « Ce partage d'informations s'est accéléré lors de cette crise sanitaire », selon Sophie Cluzel, avec notamment l'ouverture de Cap École Inclusive, une plateforme numérique d'adaptation ouverte à tous (famille, médico-social, enseignants...) www.reseau-canope.fr/cap-ecole-inclusive ).
AESH recrutés
8 000 nouveaux postes d'accompagnants ont également été créés (soit 4 000 en équivalent temps plein), pour répondre à la volonté d'Emmanuel Macron qui a promis « une rentrée sans aucun enfant en attente » dès le 1er septembre. « Un chiffre considérable », selon Jean-Michel Blanquer, « avec un statut qui ne cesse de se développer » (80 000 contrats aidés il y a trois ans contre plus de 100 000 CDI en 2020). Pour mieux accompagner ces agents, un guide ressources humaines à leur attention a été publié le 2 juillet 2020, qui permet de préciser leurs conditions d'emploi et leur environnement d'exercice. Enfin, dès la rentrée, seront déployés sur l'ensemble du territoire des AESH référents ; ces pairs expérimentés doivent apporter aide et soutien aux AESH dans leur pratique professionnelle.
Signal d'alarme
« Ce grand mouvement vers l'école se confirme et se déploie », se félicite la ministre. Malgré ces annonces, une assocation tire la sonnette d'alarme (article en lien ci-dessous)… Selon l'Unapei, à une semaine de la rentrée, « des milliers d'enfants en situation de handicap restent exclus de l'école ». En dépit des assurances régulièrement réitérées par le gouvernement, elle déplore « toujours le même parcours du combattant pour les familles » et « le même sentiment de rejet pour les enfants ». L'association invite les familles laissées-pour-compte à témoigner sur le site marentree.org.
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