Silence du confinement : aubaine pour notre santé auditive ? (13/05/2020)

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Huit semaines, murmure de décibels... Un remède pour notre santé auditive puisque l'excès de bruit peut engendrer des surdités ? Les temps de silence sont bons pour le moral et le corps et il faudrait en tirer des leçons. Entendu ?

 

Le confinement aurait-il été une aubaine pour nos oreilles ? C'est ce qu'affirme l'association Journée nationale de l'audition (JNA). Durant huit semaines, le silence s'est installé dans nos villes… Plus de klaxons, plus d'avions,  plus d'agitation, plus de conversations... On redécouvre le chant des oiseaux, le tintement des cloches, le bruissement du vent…

Emissions sonores en chute libre

Durant le confinement, les 150 stations de mesures acoustiques d'Île-de-France ont enregistré le long des axes routiers une chute de 75 à 87 % des émissions sonores, soit une baisse de 6 à 9 décibels. Même en plein mois d'août ou durant une grève, Bruitparif, l'observatoire du bruit d'Île-de-France, n'a jamais été confronté à de tels chiffres. Moins de pollution, c'est aussi moins de pollution auditive. Mais si « la première est relevée, la seconde l'est moins », déplore JNA. Le seul silence qui est d'ordinaire imposé à un pays tout entier se compte en « minute », lorsqu'il s'agit de rendre un hommage national.  A l'heure du déconfinement, la vie reprend peu à peu son cours et les décibels repartent doucement à la hausse. Notre ouïe va-t-elle garder la nostalgie de cette « parenthèse muette », notamment celles des Parisiens puisque notre capitale est la deuxième ville la plus bruyante d'Europe ?

Nuisible pour l'organisme

« #EtAprès, quelle société sera souhaitée ? », interroge JNA qui, depuis 23 ans, agit en faveur de la « santé auditive ». Elle rappelle que l'audition est un bio marqueur à intégrer au suivi santé lors des consultations médicales dès l'entrée du parcours de soins. En 2016, un sondage Ifop révélait que 9 Français sur 10 considèrent le bruit et les nuisances sonores comme « un enjeu de santé publique ». Parce que « le bruit abîme la santé par son intensité et sa durée, son omniprésence », l'association espère une réelle « prise de conscience ». Cet impact est à la fois physique et psychologique. Dans son ouvrage Histoire du Silence, Alain Corbin indique que « la société enjoint de se plier au bruit afin d'être partie du tout plutôt que de se tenir à l'écoute de soi. Ainsi se trouve modifiée la structure même de l'individu. » Physiquement, c'est une douleur pour les oreilles par sa présence stridente. « Le bruit de la ville, devenu autre, n'est sans doute pas plus assourdissant qu'au XIXe siècle, ajoute cet historien, l'un des spécialistes mondiaux de l'histoire des sensibilités ; l'essentiel de la motivation réside en l'hypermédiatisation, en la permanente connexion et, de ce fait, en l'incessant flux de paroles qui s'impose à l'individu et qui le conduit à redouter le silence. »

Oreilles saturées

Physiologiquement, l'oreille a des limites naturelles et se retrouve de plus en plus saturée. L'omniprésence de bruit engendre un « stress acoustique ». Plus il est élevé plus le risque d'acouphènes et de surdités est imminent. Mais, bien avant, c'est le décodage de la parole qui est rendu difficile ; par voie de conséquence, cette gêne s'accompagne de pertes de concentration et d'augmentation de la charge cognitive pour le traitement des informations. « Les expositions sonores sont des agents nocifs pour les cellules de l'oreille et, in fine, pour le bon fonctionnement du cerveau », assure l'association. Alors le silence apparaît comme un remède pour l'esprit… et le corps. Il contribue à diminuer le stress, améliore le sommeil, réduit les risques de dépression et favorise à une meilleure concentration. Même si, pour certains, il peut, a contrario, être une source d'angoisse.

Quelles solutions de répit ?

Face à ce constat, JNA propose de mettre à profit cette situation inédite pour « offrir à nos oreilles des temps de respiration ». Comment ? En développant le télétravail, en limitant l'hypermédiatisation du bruit, en intégrant des pauses auditives au cours de la journée ou en se réappropriant le silence « comme période de production de la parole pensée et de temps d'émergence des émotions », explique-t-elle. Entendons-nous tirer des leçons de cette crise sanitaire sans précédent ? « Elle peut nous amener à penser tout ce qui a été oublié pour que l'être humain soit et reste en bonne santé », conclut JNA.

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