Film Crip camp : ces jeunes "éclopés" ont changé l'histoire (27/04/2020)

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"Le monde voulait notre mort". Années 1970, état de New-York. Des adolescents handicapés réunis au sein d'un camp d'été initient un mouvement civique qui prône plus d'inclusion et d'égalité. "Crip camp", un docu bouleversant et militant.

 


«  Je voulais être de ce monde mais ne voyais personne comme moi. J'ai découvert une colo de hippies pour 'handicapés'. C'est là que j'ai compris que nos vies pouvaient être meilleures. » « Campé » sur son fauteuil roulant, Jim LeBrecht se remémore avec humour et émotions ses années débridées au Camp Jened, au début des années 1970, dans une Amérique bercée par Woodstock. « 'Tu vas sûrement fumer avec les moniteurs', m'a-t-on dit. J'ai signé direct ! », sourit aujourd'hui le co-réalisateur, avec Nicole Newnham, du documentaire Crip camp : la révolution des éclopés, qui a fait une entrée remarquée début mars 2020 sur la plateforme de streaming Netflix (bande-annonce en anglais ci-contre). Un film percutant qui retrace le combat de jeunes handicapés pour se faire une place dans une société hostile à la différence, produit par Higher Ground, qui n'est autre que la société de production du couple Obama. Plus que divertir les téléspectateurs, l'objectif est de « les éduquer, les connecter les uns aux autres et inspirer », espère l'ex-président américain.

Handicap = institution

Un vent de liberté souffle sur le Camp Jened. Ambiance « sea, sex and sun » ! « J'étais là, à Woodstoock ! », se souvient l'une des pensionnaires de petite taille, tout sourire. « Chez moi, on n'était pas choisi pour être dans l'équipe (de sport) mais, à Jened, on devait jouer ! », raconte un autre, en situation de handicap moteur. Une parenthèse enchantée dans une Amérique en mal d'inclusion, où handicap rimait avec enfermement. « Beaucoup de jeunes comme moi étaient envoyés dans des institutions, déplore Jim Le Brecht. On avait besoin de nos propres droits civiques. » Trente-cinq ans plus tard, les voilà réunis pour commenter ce film militant enrichi d'images d'archive d'une rare authenticité. « A cet âge, on se soutenait les uns les autres. Ça nous a permis de reconnaître que les normes devaient changer », déclare une jeune femme. De cette solidarité est né un mouvement civique soudé et déterminé : « On ne laissera plus le gouvernement opprimer les personnes handicapées », annonçaient-ils à l'époque.

Un combat permanent

Quand soudain... « Un programme de réhabilitation a été rejeté car le coût était trop élevé », annonce le journal TV de l'époque. Ce dispositif était destiné à renforcer l'égalité des chances et la pleine participation des personnes handicapées à la vie sociale et au développement national. « Alors on a décidé de manifester », répliquent-ils, en constituant une petite armée « d'éclopés ». « Le monde voulait notre mort, on vivait dans ce monde. C'était un combat permanent », révèle un autre. Un combat pour plus d'accessibilité aux bâtiments publics, aux transports, pour plus de reconnaissance... Un combat pour la vie, qu'ils ont fini par remporter, en partie, à grands coups de manifestations et de grèves de la faim, avec la signature de l'Americans with disabilities act en 1990, qui a pour ambition d'annihiler les discriminations à l'encontre des personnes handicapées. « Pour avoir ce en quoi on croit, il faut l'exiger », concluent ces « para soldats », trente ans plus tard, même s'ils ont conscience qu'en 2020 la lutte pour l'égalité des chances est loin d'être achevée.

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