Délégation APF des Bouches du Rhône (13)

Théo Curin : L'Académie Philippe Croizon, implantée dans le CREPS (Centre de ressources, d'expertise et de performance sportives) de Vichy, où je suis accueilli habituellement, a fermé ses portes, je suis donc venu me confiner chez mes parents, avec ma sœur, dans la plus belle région de France... la Lorraine, près de Nancy. Je profite du jardin pour prendre l'air et du temps qui m'est imparti pour passer du temps en famille. Et, entre deux sessions Netflix, je révise mon bac sanitaire et social que je passe en deux ans. L'école, c'est important.

H.fr : Et le sport dans tout ça ?
TC : Cela fait un mois que je ne peux plus nager mais j'essaye de garder la forme malgré tout. J'ai aménagé une salle de sport dans mon garage et ai fait l'acquisition d'un rameur pour ne pas ressembler à une grosse boulette à la fin du confinement.

H.fr : Quelle est votre routine physique ?
TC : Je fais 1h30 de sport par jour, en reproduisant des exercices que je réalise le reste de l'année lors de mes entraînements : 30-45 minutes de rameur, suivies d'un circuit training qui fait travailler les abdos, les jambes et les bras, à répéter plusieurs fois. En parallèle, je fais aussi du vélo d'appartement. Tout le monde peut faire ça chez soi, même sans matériel. Pas d'haltère à disposition ? Prenez des bouteilles ou, pour les plus motivés, des packs d'eau !

H.fr : En quoi est-ce important de continuer à faire du sport, y compris pour les personnes en situation de handicap ?
TC : C'est hyper important, pour la santé physique mais aussi mentale. Quand tu passes de deux entraînements par jour à rien du tout, tu pètes littéralement un câble. Pour ma part, je n'aurais pas tenu le coup sans sport pendant un mois. Ça me permet de me vider la tête et c'est un excellent anti-stress. En temps normal, je marche toute la journée avec mes prothèses mais  en ce moment, comme je reste chez moi, ce n'est pas le cas ; si je ne faisais pas de sport, j'aurais des aiguilles à la place des jambes.

H.fr : Des comptes ou des personnalités à « follow » (suivre) pour garder la forme ?
TC : Depuis le début du confinement, de nombreux coachs sportifs et influenceurs proposent des séances en live accessibles à tous, quel que soit son niveau, comme Tibo Inshape, avec qui j'ai tourné plusieurs vidéos (article en lien ci-dessous) ou encore McFly et Carlito et le site du media sportif L'Equipe. Le programme « Bougez chez vous », lancé par Paris 2024, publie également des vidéos d'athlètes qui présentent un exercice à réaliser chez soi. Je me suis moi-même prêté au jeu avec un arraché de bras, un exo de renforcement musculaire (vidéo ci-contre).

H.fr : Que pensez-vous de ces séances gratuites en ligne ? Quels avantages et inconvénients ?
TC : Je trouve ça très intéressant d'autant plus qu'elles sont proposées par des personnalités relativement motivantes, inspirantes. Et puis c'est très ludique, c'est avant tout pour se défouler, s'amuser, on ne cherche pas la performance à tout prix. Mais, contrairement aux séances qui se déroulent en salle de sport, il n'y a personne pour nous assister ou corriger notre posture. Il faut donc rester vigilant et respecter à la lettre les conseils du préparateur physique.

H.fr : Une astuce de champion pour lutter contre la sédentarité en période de confinement ?
TC : Se challenger régulièrement ! Fixez-vous un objectif à réaliser au cours de votre journée. Faire 20 minutes de vélo d'appartement ou de vélo à bras, une série d'abdos ou une séance de yoga, et augmentez la cadence, petit à petit, tout en écoutant votre corps. Privilégiez des petites séances quotidiennes pour avoir un rythme régulier et une bonne hygiène de vie plutôt qu'une session intensive de trois heures hebdomadaire. Encore une fois, le but n'est pas de faire la performance de votre vie mais de vous dérouiller un peu.

H.fr : La natation vous manque-t-elle ?
TC : Oh que oui, en plus je n'ai pas de piscine chez moi, pas même une baignoire ! Dur... Ce n'est ni l'entraînement ni la compétition qui me manque mais la sensation de liberté que la natation me procure, le fait de glisser dans l'eau.

H.fr : Que pensez-vous du report des Jeux de Tokyo en 2021 (article en lien ci-dessous) ?
TC : C'était la meilleure décision à prendre. Les Jeux paralympiques c'est, certes, un gros enjeu mais on y va avant tout pour passer un bon moment et je ne me voyais pas faire la fête cette année, comme si de rien n'était, alors que des gens meurent aux quatre coins de la planète. Je préfère attendre un an et arriver à Tokyo avec les mêmes armes que les autres athlètes.

H.fr : Ces deux mois minimum de confinement auront-ils, selon vous, un impact sur les performances des athlètes ?
TC : Sans aucun doute, la reprise s'annonce très compliquée. 2021 ne sera pas extraordinaire en termes de performance sportive, notamment à cause du manque d'entraînement. Il ne faudra pas s'attendre à des records d'Europe ou du monde lors des prochains championnats. Mais, l'avantage, c'est qu'on sera tous dans le même bateau…

H.fr : Je crois savoir que vous aurez 20 ans dans quelques jours. Quoi de prévu ?
TC : Effectivement, le 20 avril, grosse « chouille » en perspective... ou pas ! C'est un peu frustrant de faire son anniversaire confiné mais on le fêtera comme il se doit après. Champagne pour tout le monde !