Aix-Marseille Provence : se déplacer en Métropole, un véritable handicap (01/03/2018)
Le collectif d’associations Handicap 13 dénonce les ratés de leur service de transports, Mobi Métropole. L’offre a triplé en six ans mais son élargissement n’a pas été compensé à la hauteur des moyens.
Embouteillages, réseau de transports publics insuffisant, le mal des transports dans la métropole Aix-Marseille-Provence (AMP) est bien connu. La jeune collectivité a d’ailleurs été conçue pour y remédier. Force est de constater que se déplacer est un facteur encore plus handicapant pour les personnes à mobilité réduite.
Un service dédié, Mobi Métropole, existe pourtant sur le territoire de l’ex-MPM. Fonctionnant sur réservation et à la demande tous les jours de 6h à 1h du matin, il est très plébiscité. Voire trop. « Il est victime de son succès », constate Armand Benichou, président de l’association Handitoit. À tel point qu’il en devient défaillant. Vingt associations, réunies au sein du collectif Handicap 13, appellent, dans un communiqué commun, la Métropole à « garantir le respect du droit à se déplacer des personnes en situation de handicap ».
Car, depuis l’automne, Mobi Métropole patine. « Le transport des personnes en situation de handicap n’est plus garanti, les privant ainsi de leur activité professionnelle, de la possibilité de faire leurs courses, de mener leurs activités associatives ou tout autre déplacement privé lié à la vie sociale », étaye le communiqué. « Le service a du mal à fonctionner à la hauteur des besoins », résume Mireille Fouqueau, directrice de l’association des paralysés de France (APF) 13-84. « Il n’y a pas de place à l’imprévu, si on veut être sûr d’avoir le service, il faut réserver une semaine à l’avance », déplore-t-elle.
Des annulations ou des refus ont été constatés. La cause, « un élargissement de l’activité avec l’ouverture à des transports vers les Esat ou les établissements médico-sociaux ce qui a créé un appel d’air », note Armand Bénichou, précisant qu’il n’est pas opposé à ce système tant que les moyens suivent. Sollicitée, la RTM, qui affrète 50 véhicules, reconnaît « des demandes en souffrance » tout en sachant que « les orientations sont données par la Métropole via son budget ». L’an passé, celle-ci a versé à la RTM 6,3 millions d’euros pour ce service.
Un léger mieux encore précaire
Également contactée, la collectivité admet qu’avec « 150 000 voyages enregistrées en 2017 », Mobi Métropole « a atteint sa capacité maximale de prise en charge », qui a triplé en six ans (52 000 voyages en 2011). « L’accessibilité des transports communs pour les personnes à mobilité réduite (PMR) est l’une des priorité de l’agenda de la mobilité », assure la Métropole. Dans ledit document, on y lit l’objectif de « rendre tous ses réseaux accessibles aux PMR d’ici à 2020 pour les transports urbains, 2021 pour les cars et 2025 pour le métro ». En lien avec le Département, AMP veut harmoniser les transports de substitution. « Face à cette augmentation, nous demandons à la RTM d’augmenter le nombre de véhicules en service. La Métropole mettra en place les moyens financiers nécessaires pour répondre aux besoins des PMR» , prétend la collectivité.
« Il y a eu une prise de conscience », indique la RTM. Mireille Fouqueau admet aussi « une petite augmentation » du service qu’elle espère « durable ». Pourtant, dans l’annexe du dernier avenant au contrat d’exploitation entre la RTM et la Métropole, signé en décembre dernier, il est stipulé de « figer » à 150 000 l’objectif du nombre de voyages jusqu’en 2025. L’objectif a peut-être été assoupli.
Florent de Corbier - La Marseillaise - Publié le 27/02/2018
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